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Quelle est l’efficacité de la pilule contraceptive ?

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Si vous prenez la pilule « parfaitement », elle est efficace à 99,5 %. Shutterstock

Deborah Bateson, University of Sydney et Kathleen McNamee, Monash University

Un tiers des femmes ayant recours à la contraception ont recours à la pilule (en France, près de la moitié des femmes l’utilisent. Jusqu’à quel point celle-ci est-elle efficace ?

Il existe deux sortes de pilules contraceptives : la pilule combinée estroprogestative (ou mini-dosée), qui contient un œstrogène de synthèse et un progestatif de synthèse., et la pilule progestative (ou micro-dosée), qui contient uniquement un progestatif de synthèse.

Les efficacités respectives des deux sortes de pilules sont généralement considérées comme similaires : elles seraient de 93 % dans le cadre d’une utilisation typique (une prise ponctuellement manquée) et de 99,5 % dans le cadre d’une utilisation parfaite. Pourtant la plupart des preuves d’efficacité résultent de travaux menés sur la pilule combinée.

Que signifient ces chiffres et comment ont-ils été obtenus ?

Utilisez-vous la pilule « parfaitement » ?

Les protocoles visant à évaluer l’efficacité de la pilule ont consisté à demander à des femmes de prendre leur pilule à la même heure chaque jour. Les femmes qui ont respecté les règles édictées sans jamais se trouver à court de pilules ni manquer une prise quotidienne et sans avoir pris de médicament risquant de diminuer l’efficacité du contraceptif ont été considérées. Les femmes qui ont participé à ces études ont été considérées comme étaient toutes aussi fertiles et « à risque » de grossesse.

Dans ces strictes conditions, les deux types de pilules s’avèrent efficaces à environ 99,5 %. Autrement dit, sur une période de 12 mois, cinq femmes sur mille tombent risquaient de tomber enceintes malgré la prise de l’une ou l’autres des sortes de pilules.

Mais ces conditions ne sont pas représentatives de la vie quotidienne de la plupart des utilisatrices. Il est donc plus réaliste de considérer l’efficacité de chaque pilule dans le cadre d’une « utilisation typique ». Leur efficacité est alors de 93 %, ce qui signifie que sept utilisatris ces sur 100 tombent enceintes sur une période de 12 mois.


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Ce taux de 93 % reflète les aléas de la vie quotidienne : la pilule peut être oubliée, on peut venir à en manquer avant d’avoir pu obtenir une nouvelle ordonnance, une maladie peut entraîner des vomissements ou des diarrhées, provoquant ainsi le rejet du contraceptif… L’efficacité de la pilule peut aussi être diminuée par la prise d’autres médicaments (dont certaines préparations sans ordonnance à base de végétaux).

En réalité, la probabilité de tomber enceinte en prenant la pilule se situe donc quelque part entre 93 % et 99,5 %. Cette efficacité peut s’améliorer avec le temps, à mesure que les utilisatrices s’habituent à prendre quotidiennement la pilule. Elle peut aussi être augmentée en conjuguant la prise de la pilule avec l’utilisation de préservatifs (qui présente de plus l’avantage de prévenir les infections sexuellement transmissibles) et en utilisant des moyens de contraception d’urgence si la pilule a été oubliée.

La plupart des utilisatrices ne pourront pas prendre la pilule systématiquement à la même heure chaque jour sans jamais commettre d’impair. Shutterstock

Le timing est primordial

Le mode d’action de la pilule combinée repose principalement sur l’arrêt de l’ovulation. Bien qu’il soit important de la prendre chaque jour à la même heure, cette pilule continuera à être efficace même si elle est prise avec 24 heures en retard, car l’ovulation sera malgré tout empêchée.

Moins souvent prescrite, la pilule progestative agit quant à elle principalement en épaississant la glaire du col de l’utérus, afin d’empêcher les spermatozoïdes de remonter dans l’utérus et les trompes de Fallope et d’éviter ainsi la fécondation de l’ovule.

Cet effet disparaît au bout d’environ 27 heures, ce qui signifie que la fenêtre de prise quotidienne est étroite : elle n’est que de 3 heures. Pour cette raison, l’efficacité de la pilule progestative risque généralement d’être plus proche des 93 % que des 99,5 %.

Les adolescentes et les jeunes femmes d’une vingtaine d’années sont susceptibles d’avoir un taux d’échec plus élevé que les utilisatrices plus âgées. Ceci peut s’expliquer par une plus grande fertilité, ou par une plus grande difficulté à se souvenir de prendre la pilule chaque jour et à entreprendre les démarches pour faire renouveler leurs ordonnances.

C’est la raison pour laquelle la pilule progestative est rarement prescrite aux jeunes femmes appartenant à ce groupe d’âge. On leur recommande généralement des méthodes plus efficaces, telles que dispositif contraceptif implantable ou une pilule combinée.

Un contraceptif intra-utérin peut être efficace jusqu’à dix ans après son implantation. Shutterstock

En règle générale, moins les utilisateurs d’un contraceptif ont de choses à faire pour s’assurer de son efficacité, plus cette dernière est élevée. Les contraceptifs réversibles à longue durée d’action sont de ce fait les méthodes de contraception les plus efficaces, et ce partout dans le monde, car une fois mis en place leur efficience ne dépend plus du comportement de l’utilisatrice.

Ces dispositifs comprennent les implants contraceptifs, qui peuvent jusqu’à trois ans, et les dispositifs hormonaux ou intra-utérins en cuivre, qui durent respectivement jusqu’à cinq et dix ans. Ils sont efficaces à 99,5–99,95 % car une fois insérés, l’utilisatrice n’a pas besoin de se rappeler de faire quoi que ce soit. Cette simplicité peut en faire une alternative attrayante à la pilule pour les femmes qui souhaitent une méthode fiable.

Effets secondaires, risques associés, coûts, avantages supplémentaires… La décision d’opter pour l’un ou l’autre des dispositifs contraceptifs dépend de divers facteurs qui vont au-delà de la seule efficacité. Mais comprendre ce que signifie cette dernière et la façon dont elle est calculée constitue une étape importante pour faire un choix éclairé.

Deborah Bateson, Clinical Associate Professor, Discipline of Obstetrics, Gynaecology and Neonatology, University of Sydney et Kathleen McNamee, Adjunct Senior Lecturer, Obstetrics & Gynaecology, Monash University

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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