Dans ce storytelling, suivez le quotidien de Fatoumata [nom d’emprunt], une femme du Sahel, épouse et mère, qui incarne avec courage et espoir le rôle essentiel des femmes sahéliennes d’aujourd’hui.
Fatoumata se lève bien avant l’aube. Dans la fraîcheur du matin, le ciel encore étoilé veille sur elle tandis qu’elle allume le feu pour préparer le petit déjeuner. Ses enfants, encore endormis, ne savent pas que leur mère a déjà en tête toutes les tâches de la journée. Fatoumata, 32 ans, est épouse, mère de cinq enfants, et l’âme du foyer. Sa vie quotidienne, entre le village et la brousse, est un savant équilibre de travail, de patience, et de tradition.
« Ici, la terre ne donne pas facilement »
Chaque matin, Fatoumata marche des kilomètres pour chercher de l’eau. Elle a appris, comme les femmes avant elle, à porter des seaux pleins d’eau sur sa tête, le dos droit, la démarche assurée. « L’eau, c’est la vie », lui disait sa mère, une phrase qu’elle répète souvent à ses filles quand elles l’accompagnent. Ce geste quotidien, d’apparence simple, incarne pour elle la résilience et la constance, deux qualités qu’elle considère essentielles pour une femme du Sahel.
Être épouse, pour Fatoumata, c’est aussi être une force discrète aux côtés de son mari, Moussa. Ensemble, ils cultivent un petit champ pour nourrir la famille, et parfois, vendre le surplus au marché. « Ici, la terre ne donne pas facilement, il faut de la patience et du courage, et c’est ensemble que nous y arrivons », raconte-t-elle, les yeux brillants de fierté. Quand les récoltes sont maigres, elle le soutient, le rassure, et trouve les mots pour alléger son fardeau. « Nous sommes deux dans cette vie, deux pour affronter les bonnes et les mauvaises saisons. »
« Nous sommes les gardiennes du foyer »
En tant que mère, Fatoumata incarne l’espoir d’une génération en mutation. Elle souhaite que ses filles et fils connaissent un monde plus ouvert, un monde où ils pourront choisir leur voie tout en respectant leurs racines. La journée, elle leur enseigne les gestes du quotidien : moudre le mil, tresser les cheveux de leur petite sœur, aider les aînés à lire et à écrire quand ils reviennent de l’école. « Je veux qu’ils sachent d’où ils viennent, mais qu’ils regardent aussi vers ce qu’ils peuvent devenir », confie-t-elle, ses pensées mêlées d’inquiétude et de fierté.
Fatoumata sait que le rôle de femme au Sahel n’est pas simple. Il impose des sacrifices silencieux, une force qu’elle puise dans les traditions, mais aussi dans la certitude que son rôle est essentiel. « Nous sommes les gardiennes du foyer, de la culture, et du respect », explique-t-elle. À ses yeux, être une femme sahélienne aujourd’hui, c’est savoir prendre soin de sa famille et de sa communauté tout en rêvant d’un futur où ses filles auront aussi le choix d’être qui elles veulent.
Le soir, quand la nuit tombe et que les enfants dorment enfin, Fatoumata se permet un moment de répit. Elle regarde les étoiles, comme sa mère le faisait, et imagine pour ses enfants un Sahel où la vie pourrait être moins rude, où les filles et les femmes seraient aussi reconnues pour leur contribution inestimable. Car ici, au Sahel, être une femme, c’est porter la vie, la nourrir, et l’inspirer.
Oumarou Fomba
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