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Niger : recrudescence des exactions contre les civils, le gouvernement interpelé (HRW)

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Au Niger, les civils sont victimes d’une insécurité multiforme. Les autorités nigériennes sont interpelées. 

Les États du sahel sont foudroyés par des crises multiformes. D’une part, des inondations, des instabilités sociales et politiques, d’autre part, de nouvelles épidémies, mais aussi de la crise sécuritaire liée au terrorisme. Dans toutes ces situations, les civiles semblent être les plus grandes victimes.

Au Niger, pays membre du G5 sahel, les inondations font d’énormes dégâts en cette saison pluvieuse, avec des dizaines de morts d’hommes. Les populations seraient également prises au piège des attaques de groupes armés terroristes et des forces de sécurité du pays.

Neuf (9) attaques ayant entre janvier et juillet

Du 23 juin au 4 juillet 2021, Human Rights Watch a effectué un déplacement dans ce pays sahélien. Une visite au cours de laquelle cette organisation de défense des droits de l’homme s’est entretenue avec 44 témoins d’exactions et 16 autres personnes, dont des chefs communautaires peuls, touaregs et zarmas ; des autorités locales et des responsables sécuritaires ; des membres d’organisations nigériennes de défense des droits humains ; et des diplomates étrangers.

Au total, HRW a documenté neuf (9) attaques ayant eu lieu entre janvier et juillet dans des villes, villages et hameaux des régions occidentales de Tillabéri et Tahoua. Des régions situées près des frontières du Mali et du Burkina Faso. « Depuis 2019, cette zone a connu une hausse spectaculaire des attaques contre des cibles militaires et, de plus en plus, contre des civils par des groupes islamistes armés affiliés à l’État islamique et, dans une moindre mesure, à Al-Qaïda », a précisé HRW dans un communiqué du 11 août dernier.

Des entretiens de cette organisation, il ressort que pour perpétrer ces attaques, les combattants pénètrent dans les villages à moto. Ils tuent des hommes et des garçons, incendient des maisons et des greniers, selon des témoignages recueillis par Human Right Watch.

« Guerre contre la population civile »

« Les assaillants ont exécuté sommairement des civils à leur domicile, après les avoir contraints à sortir des transports en commun, à s’éloigner de puits, à quitter les funérailles auxquelles ils assistaient, ou encore pendant qu’ils s’occupaient de leurs cultures ou abreuvaient leurs animaux », précise notre source.

Selon Corinne Dufka, directrice du Sahel à Human Rights Watch, « Des groupes islamistes armés semblent mener une guerre contre la population civile dans l’ouest du Niger ».

Selon un témoin de l’organisation de défense des droits de l’homme, le 21 mars, des « combattants islamistes armés » ont tué au moins 170 Touaregs dans la région de Tahoua. « Une mère a jeté ses bras autour de son fils de 17 ans, mais les djihadistes l’ont rouée de coups sans pitié, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus le tenir, avant d’exécuter le garçon devant elle », a déclaré un témoin à HRW.

Les civils ne seraient pas uniquement la cible des groupes armés terroristes. Les forces armées nigériennes seraient également impliquées dans certaines exactions, selon les précisions de HRW.

En 2019 et 2020, lors de certaines opérations antiterroristes, les forces de sécurité du Niger auraient été responsables de plus de 150 meurtres et disparitions forcées. « Une enquête de la Commission nationale des droits de l’homme du Niger a documenté la disparition forcée de 102 de ces personnes et localisé 71 de leurs corps dans des fosses communes », indique notre source.

Des mesures urgentes

L’organisation onusienne rappelle que « les lois de la guerre interdisent les attaques contre les civils et les biens civils et les mauvais traitements infligés à toute personne détenue ». Et d’ajouter : « Les personnes qui commettent de graves violations des lois de la guerre, y compris des exécutions sommaires et des actes de torture, peuvent être poursuivies pour crimes de guerre ». Elle invite donc le gouvernement nigérien à ouvrir une enquête afin de « poursuivre de manière appropriée les crimes de guerre présumés commis sur son territoire ».

Face à la recrudescence des meurtres de civils, les autorités nigériennes sont invitées à prendre des « mesures urgentes ». Des mesures devant consister non seulement à la mise en place de réseaux d’alerte rapide, à la réduction des délais de réponse de l’armée aux villages menacés, mais aussi à la création de comités formés de civils, de forces de sécurité et d’organisations de la société civile afin d’identifier et répondre aux besoins urgents de protection.

« Les gouvernements partenaires devraient aider les autorités nigériennes à mieux protéger les civils contre ces attaques horribles et meurtrières et augmenter l’assistance fournie au nombre croissant de déplacés », a conclu Corinne Dufka.

Fousseni Togola

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