Home Art et Culture Mariam Karim Diarra : « Pour attirer la jeunesse à la littérature, les écrivains doivent s’adapter à leur génération »

Mariam Karim Diarra : « Pour attirer la jeunesse à la littérature, les écrivains doivent s’adapter à leur génération »

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Après la publication de son livre, « La drogue : Amadou et les autres », le journal Le Pays est allé à la rencontre de Mariam Karim Diarra. La jeune auteure nous a révélé qu’au-delà de son combat contre la drogue, elle s’entend s’attaquer à d’autres phénomènes qui minent notre société. Lisez l’entretien !

Le pays : pouvez-vous nous dire ce qui vous a motivé à écrire un ouvrage, à votre très jeune âge, sur la drogue ?

Mariam Karim Diarra : j’ai vu par moi-même que la consommation de la drogue était banalisée de nos jours. J’ai vécu dans un quartier du nom de Lafiabougou en commune IV du district de Bamako. Là-bas, j’ai pu remarquer que la consommation de la drogue avait causé pas mal de soucis à beaucoup de jeunes, notamment par les arrestations, les humiliations, etc. Je me suis dit qu’il fallait vraiment faire quelques choses pour lutter contre ce fléau. C’est ce qui m’a amené à écrire ce livre sur la drogue.

Dans ce livre, vous décrivez un monde complètement étrange au public malien. Peut-on savoir s’il est inspiré de la réalité ou juste une simple histoire pour vous aider dans votre combat contre la drogue ?

Effectivement, j’ai eu à dire dans ce livre que le monde de la drogue est un monde à part. Je me suis inspirée de la réalité de ces jeunes garçons de mon quartier pour écrire ce livre

Quel est l’objectif recherché par Mariam Karim Diarra à travers cet ouvrage ?

L’objectif recherché est de montrer à travers l’exemple de ces jeunes, les graves conséquences que la consommation de la drogue peut causer.

 Ce livre est un premier pas dans la longue lutte que je m’apprête à mener contre la drogue. Car pour moi, il fallait faire quelque chose pour trouver une solution contre la consommation de la drogue. Donc, un premier pas à travers lequel, j’ai pris des exemples de jeunes pour montrer à la génération présente et future, les conséquences que la drogue peut avoir sur leur vie. Et que quoi qu’on fasse, si on passe un temps dans la drogue, on va toujours garder des séquelles.

 Parallèlement à ce livre, nous savons que vous avez également une association qui lutte contre la drogue. Cela voudrait dire que votre plume sera uniquement basée sur la lutte contre la drogue ou envisagez-vous aborder d’autres thèmes ?

 Effectivement, j’ai mis en place une association de lutte contre la drogue du nom de MLD, c’est-à-dire « My life without drog » (Ma vie sans drogue).

 Nous avons des projets à court et à long terme. D’abord, nous allons commencer par des campagnes d’informations et de sensibilisations. Nous avons aussi l’ambition de mettre en place un centre de désintoxication uniquement pour les usagers de la drogue au Mali parce qu’il faut savoir que les usagers de la drogue ne sont pas pris en charge dans nos sociétés. Ils sont mis de côté. On les stigmatise alors qu’il faut nécessairement les considérer comme des personnes malades. Il faut savoir aussi que quand on n’a un enfant ou un membre de la famille accro à la drogue, il ne faut pas avoir honte, et surtout, ne pas le mettre de côté.

 Certes, c’est difficile d’accepter dans notre société qu’on a un enfant qui se drogue, mais moi je pense qu’accepter le problème et le résoudre à temps vaut mieux que de le laisser s’entraîner dans la délinquance dans la rue en entrainant avec lui d’autres enfants.

 C’est ce que j’ai dit dans le livre, la consommation de la drogue, c’est comme une chaine alimentaire, ça ne se termine pas. Parce que tout simplement, on veut toujours avoir d’autres proies afin d’avoir plus de consommations. Donc, l’objectif de l’association, c’est de lutter contre la drogue et de mettre en place un centre de désintoxication proprement dit. Chose qui n’existe pas encore au Mali. Certes, on a des centres intégrés dans les hôpitaux pour s’occuper du problème, mais il n’y a pas de centre spécifiquement indiqué aux usagers de la drogue.

En plus de ce centre également, on souhaite voir avec l’État la possibilité de mettre en place un système de dépistage de drogue dans les espaces scolaires et universitaires afin de diagnostiquer et de suivre les élèves et étudiants qui consomment de la drogue.

 En ce qui concerne ma plume je vais continuer à écrire évidemment sur la drogue, mais ça ne sera pas uniquement sur la drogue.

Comme la drogue, il y a un autre phénomène qui touche notre société, notamment le phénomène de la prostitution. On voit qu’il y a des personnes (proxénètes) qui invitent nos sœurs à s’adonner à cette pratique. Je suis en train de murir mes réflexions sur ce phénomène.

Au-delà de votre ambition, de votre combat, quel message avez-vous à lancer à l’endroit de la jeunesse pour l’inviter dans la littérature comme vous ?

On a tendance à dire que la jeunesse a de plus en plus du mal à lire et à découvrir des livres. Moi je pense que le problème est aussi que les écrivains refusent de s’adapter à la vie de notre génération. Je ne veux pas dire qu’il faut parler de nos bêtises. Je veux bien qu’on parle de société, de politique, des choses très sérieuses, mais je veux qu’on parle aussi et surtout, de ce qui se passe aujourd’hui.

Pour attirer la jeunesse à la littérature, les écrivains doivent s’adapter à leur génération, à notre façon de penser, à notre façon d’agir, à notre environnement.

 J’en suis un exemple parfait. J’ai parlé de la drogue, un sujet très présent et j’ai compris que beaucoup de personnes qui ne lisaient pas, qui n’avaient rien à avoir avec la littérature s’y sont intéressées. Ça ne veut pas dire que ce sont des personnes qui consomment de la drogue, mais elles ont vu que c’est un sujet qui pique, qui est très présent.

À la jeunesse, je dis qu’on ne peut rien réussir sans la lecture. Il faut lire et toujours lire. Moi je ne suis pas littéraire, j’ai un bac scientifique. Mais il faut avoir un amour fort pour les livres pour espérer être quelqu’un un jour.

Réalise par Issa Djiguiba

Source : LE PAYS

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