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Mali : vers une énième crise diplomatique après arrestation des soldats ivoiriens ?

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Au Mali, une nouvelle affaire défraie la chronique depuis le dimanche soir : 49 soldats ivoiriens arrêtés à l’aéroport international de Bamako. Les sources militaires ivoiriennes, citées dans les journaux, parlent d’un contingent de l’armée régulière ivoirienne. Bamako les considère comme « des mercenaires », entrés « illégalement » dans le pays.

Tout le débat est parti des « alertes tendancieuses », lancées sur les réseaux sociaux, par certains « web-activistes videomen ». Après plusieurs versions relayées dans les médias, le communiqué tant attendu est tombé un peu plus de 24 heures après l’arrestation annoncée des soldats ivoiriens à l’aéroport international de Bamako. Ces 49 militaires ivoiriens sont considérés par les autorités maliennes comme des  « mercenaires » tels que définis par la convention de l’OUA sur l’élimination du mercenariat en Afrique, a déclaré le gouvernement malien de transition par la voix de son porte-parole, le colonel Abdoulaye Maïga. Le communiqué affirme qu’ils seront mis à la disposition des autorités judiciaires compétentes, sans donner plus de précisions.

Venus dans « deux aéronefs immatriculés ZS-BBI et UR-CTH, en provenance de la République de Côte d’Ivoire […], avec leurs armements et munitions de guerre, ainsi que d’autres équipements militaires […] », ces 49 soldats ivoiriens seraient « sans ordre de mission ni autorisation officielle », fait  croire Bamako. Il leur est reproché également de dissimuler leurs identités bien qu’ils soient arrivés en tenues militaires. Il est écrit sur la plupart de leurs passeports, affirme encore le communiqué de la partie malienne, « étudiants, chauffeurs, maçons, mécaniciens, vendeuses, électriciens, vigiles, peintres ».

Autres décisions du gouvernement malien de transition : « mettre aux arrêts avec effet immédiat aux activités de protection de la compagnie aérienne « Sahelian Aviation Services » par des forces étrangères », exigeant ainsi leur départ immédiat du Mali. Par conséquent, les autorités maliennes invitent la compagnie « à confier dorénavant sa sécurité aux forces de défense et de sécurité malienne ».

D’autres versions ?

Un peu plutôt dans la journée du lundi 11 juillet, d’autres versions sont déjà tombées. A en croire l’état-major ivoirien, cité par un média étranger, ces soldats arrêtés sont du 8e détachement du NSE [National Support Element], venus remplacer à Bamako le contingent précédent. Ils « sont censés sécuriser des sites de la Minusma [mission onusienne au Mali], notamment à l’aéroport de Bamako, mais aussi dans des entrepôts ». Toujours selon les mêmes sources, ils sont détachés auprès de Sahel Aviation Services (SAS), une entreprise privée allemande de sous-traitance de la Minusma et travaillant également pour des ONG et des groupes miniers (cf. Site internet SAS). SAS et une sources diplomatique ivoirienne, citéses par TV5 Monde, soutiennent que les soldats en question sont au Mali sur la base d’une convention.

Mieux, à en croire les explications du porte-parole de la Minusma, Olivier Salgado, bien qu’ils ne fassent partie de l’un des contingents de la mission onusienne au Mali, ces soldats sont déployés dans le pays depuis plusieurs années, dans le cadre d’un appui logistique au compte d’un de leurs contingents. « Les éléments nationaux de soutien (NSE) sont des effectifs nationaux déployés par les pays contributeurs de Troupes, en soutien en leurs contingents », précise-t-il sur Twitter.

Par ailleurs, cette affaire des soldats arrêtés fait penser d’aucuns à un autre incident diplomatique : le retrait exigé des forces spéciales danoises par Bamako, qui avait estimé à l’époque qu’elles ne sont pas arrivées au Mali sur des bases légales (cf. Mali : les forces danoises étaient présentes sur des bases légales, mais Bamako veut plus — Sahel Tribune). En attendant la version officielle de la partie ivoirienne dans ce nouveau dossier, certains observateurs avisés émettent déjà des craintes, évoquant ainsi la possibilité d’aller vers une nouvelle crise diplomatique avec…la Côte d’Ivoire voisine… après la Cédéao, la France et ses partenaires européens de Takuba, le G5 Sahel…

Sagaïdou Bilal / Mohamed Camara


  • En rapport avec cette affaire de 49 soldats ivoiriens arrêtés, le Commissaire spécial de la police de l’air de l’aéroport de Bamako, Lassina F Diarra, est aussi sanctionné par sa hiérarchie. Le document évoque ces motifs : « manquements au devoir de réserve, de discrétion et de secret professionnel ». D’après nos recherches, il y a des fortes chances qu’il ait répondu aux sollicitations de certains de nos confrères qui l’ont cité en ces termes : « […] un responsable de la police de l’aéroport de Bamako sous couvert d’anonymat [ou encore] un responsable à l’aéroport de Bamako ».

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