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Mali : la profession de lavandier, un business florissant, mais pollueur

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À Bamako, comme dans la plupart des capitales régionales, la profession de lavandier est un business florissant exercé généralement par des jeunes. Cette activité comporte pourtant des impacts sur les cours d’eau.

Chaque jour, il est possible de les apercevoir dans les rues, tenant la manche de leur pousse-pousse servant à contenir les habits sales. Ces lavandiers ambulants font le tour des familles dans chacune desquelles ils ont presque des clients. Dans cette activité, la plupart gagnent leur vie.

150 000 FCFA ou 450 000 FCFA par mois

Abdou Sow, un homme filiforme, charge sa petite charrette des linges sales, dans les familles alentour, chaque matin à partir de 7 h. Ensuite, il se dirige vers le fleuve de Moribabougou. Il évolue dans ce métier depuis 2007 ou 2008. « Je ne me rappelle pas exactement. J’ai quitté le village pour directement entreprendre ce boulot à travers mon cousin », a-t-il expliqué.

Le métier de lavandier ambulant semble très promoteur aux dits des acteurs. « Je peux dire Dieu merci aujourd’hui. Grâce à ce métier, j’ai pu faire beaucoup de réalisations pour moi-même sans avoir besoin de mendier ou de voler », raconte Abdou, qui emploie actuellement une dizaine de jeunes, venant tous de son village. Ces jeunes sont surtout ses frères et cousins.

« Les prix sont aléatoires. Les habits simples (chemise, t-shirt, robes, etc.) sont lavés à 150 f et les draps simples, à 250 f. Les draps plus larges, généralement difficiles à laver, sont à 500 f », précise Abdou, qui dit gagner « 5000 f à 15 000 f » par jour dans ce travail. Ce qui fait approximativement 150 000 FCFA ou 450 000 FCFA par mois, soit plus que le salaire de certains fonctionnaires maliens.

Des boutiquiers

Les difficultés économiques du pays dues aux diverses crises n’ont épargné aucun secteur. Elles ont eu aussi des répercussions sur le métier de lavandier. Le prix du savon et d’autres produits de lessive ont pris de l’ascenseur. Une situation qui a conduit Belco, jeune lavandier, à augmenter ses frais de lessive, qui étaient moins chers. « J’ai fait des rajouts sur les prix qui vont de 250 à 1000 f. Je peux gagner jusqu’à 5000 f par jour ou jusqu’à 15 000 f, surtout en cette période de forte chaleur », se réjouit-il.

Si la cherté de la vie a entrainé des augmentations de prix chez certains, d’autres par contre n’ont apporté aucun changement. « Nonobstant la cherté de la vie et la hausse des prix, nous n’avons pas voulu augmenter nos prix. Car nos clients sont comme nos familles. Nous travaillons avec eux depuis des années. Malgré des difficultés, nos prix n’ont pas changé : 150 f à 500 f », a expliqué Moctar Sow, un jeune lavandier travaillant avec Abdou.

Seulement les difficultés dans ce domaine ne se limitent pas à la cherté des produits entrant dans son fonctionnement. Il y a aussi des difficultés avec les clients. Une situation qui conduit certains à exercer d’autres activités parallèles. Issouf Maïga est aussi lavandier ambulant. Il habite à Missira, à Bamako. Il pratique ce métier à côté de sa petite boutique, depuis une dizaine d’années. Une boutique qu’il tient de son frère.

Le savon et sa décomposition chimique

« C’est une activité fatiguante. On gagne peu dedans, mais nous n’avons pas d’autres choix. Souvent on est difficilement payé après le service. C’est un cas très fréquent chez moi. Je lave les habits en fonction de sa quantité », explique-t-il. « Mes prix unitaires sont entre 300 f et 700 f. Mais on trouve cela cher alors que c’est le monde même qui est devenu très cher », marmonne-t-il. 

« Pendant la nuit, je fais des omelettes et du café au bord de la RN27 », raconte Moctar Sow, un autre lavandier. Toutefois, il a aussi sa clientèle en tant que lavandier. « Abdou, c’est mon cousin, il m’a appris le métier, mais je ne travaille pas proprement à ses côtés. Chacun de nous à sa propre clientèle, et nous décidons de nos prix ».

Malgré son apport économique pour les lavandiers, il convient de noter que ce métier est décrié par les spécialistes de l’environnement comme comportant des dangers imminents pour les cours d’eau maliens.

Selon Mr Thierno Mohamed Baldé, président de l’Association « Sauvons le Fleuve », « pour qui connaît la composition du savon, sa décomposition libérée des éléments chimiques, notamment l’acide et d’autres éléments chimiques entrant dans sa fabrication, qui impactent sur la vie des êtres vivants dans le fleuve ».

Pour des protecteurs de l’environnement, cette activité doit disparaître des sociétés modernes.

Mohamed Camara


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