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Au Mali, difficile de songer à un changement rapide de gouvernance

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La crise sociopolitique que le Mali traverse depuis le 5 juin 2020 est là pour durer. Il faudrait que le peuple apprenne à vivre avec cette crise parce que rien n’est fait pour qu’elle finisse dans un court délai.

Toute cette situation tire son origine de l’arrêt de la Cour constitutionnelle sur les résultats des dernières élections législatives d’avril 2020. Si cette cour a été dissoute par le chef d’État le 11 juillet, c’est pour mettre en place une équipe plus crédible afin de réexaminer les résultats des circonscriptions électorales où il y a eu des contestations. Et ainsi aller aux élections législatives partielles. 

Nomination des membres de la Cour

Pourtant, la plupart des sages nommés à cette cour ont été choisis par affinité. Celui braqué président, Amadou Ousmane Touré, de cette institution est d’ailleurs l’ancien directeur de cabinet du Premier ministre contesté Boubou Cissé. Celui-ci l’aurait d’ailleurs imposé au chef d’État. Pourtant, la lettre du PM du 14 juillet 2020 demandant des éclaircissements sur l’emploi de la Forsat dans les opérations de maintien d’ordre des 10,11, 12 juillet 2020 a été signée par ce nouveau président de la Cour alors directeur de Cabinet du PM. Cela reste de même pour la lettre du 9 juillet 2020 de Boubou Cissé concernant la demande de fonds de 200 millions de FCFA pour des opérations spéciales, des patrouilles de grande envergure et de la couverture sécuritaire des manifestations sociales.

Cette nomination de M. Touré donne également assez de marges de manœuvre pour le régime en place pour la présidentielle de 2023.

Avec cette nomination de cet ancien directeur de cabinet du chef du gouvernement à la tête de la Cour constitutionnelle, il ne faudrait pas s’attendre à un grand changement sur la question de l’Assemblée nationale. Néanmoins, le président du Parlement pourrait se voir forcé de quitter son fauteuil bon gré mal gré en raison d’éventuelles divergences de point de vue. 

Pourtant, l’un des objectifs non seulement de l’équipe restreinte du gouvernement, mais aussi du remembrement de cette cour reste, en plus de la question électorale, de déterminer et situer les responsabilités des violences survenues les 10, 11 et 12 juillet 2020. Mais à l’allure où vont les choses, difficile d’espérer sur un résultat remarquable de ces équipes.

Le M5-RFP infecté

Toutefois, le drame du Mali d’aujourd’hui est que ce système de partage des parts n’est pas propre au régime en place. Le M5-RFP, mouvement hétéroclite demandant la démission du président de la République malienne et de son régime, ne fait pas exception à cette règle. Ce mouvement fait de la mauvaise gouvernance son principal cheval de bataille. Pourtant, il n’est pas lui-même exempt de certaines pratiques qu’il reproche au régime en place.

Depuis son premier mandat jusqu’à nos jours, l’un des reproches faits à IBK est l’installation d’un régime de favoritisme. Le pouvoir a été distribué à sa famille voire aux proches de celle-ci.

Dans ce régime de favoritisme, ce qui saute aux yeux de la plupart des citoyens est le fait que d’autres proches d’IBK, soit parce qu’ils ont contribué à son élection en 2013, soit parce qu’ils gardent des rapports avec son fils Karim Keïta, ont pour la plupart imposé la nomination de certains de leurs proches. Tel est le cas aujourd’hui du Premier ministre contesté, Dr Boubou Cissé. 

Un PM imposé

Dans son point de presse du dimanche 9 août 2020, le parrain de la CMAS, également caution morale du M5-RFP, l’Imam Mahmoud Dicko n’a point caché sa contribution à la nomination du PM. Si le choix est venu du chef d’État, celui-ci avait décidé d’annuler sa décision au profit d’une autre personne. Mais c’est l’imam Dicko qui est intervenu pour recommander la nomination de ce ministre qu’il considère comme son fils. Mieux, à ses dires, il a même demandé à ses connaissances d’aider ce PM à la bonne gestion du pays.

Comme pour le président de la République aujourd’hui, le même Dicko réclame la tête de Dr Boubou Cissé. Des raisons sont avancées. Mais ces explications font-elles apparaître le fond de cette demande ? Sur quel accord a-t-il imposé cet homme ? La convention passée entre eux en catimini a-t-elle été honorée ? À première vue non et c’est ce qui expliquerait ce relâchement. Néanmoins, le peuple devrait se poser des questions à ce sujet. C’est en tout cas aujourd’hui, après que les choses se sont gâtées entre eux, que le peuple est informé de l’existence de ces accords passés à la sourdine. Cela en vue de mieux exploiter les souffrances de ce peuple meurtri.

Alors faut-il espérer sur le M5-RFP pour le changement démocratique qu’il ne cesse de prôner dans la mesure où leur personnalité morale a pratiquement toujours servi de conseiller au pouvoir en place ? Il y a peu d’espoirs que leur lutte, noble soit-elle, puisse apporter le changement souhaité du moment où les hommes qui guident le mouvement ont aussi les mains sales.

Fousseni Togola

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