La propagation du coronavirus n’est pas sans conséquence sur les cliniques privées au Mali. La plupart estiment être abandonnées par les autorités de l’État en cette période difficile de leur existence.
La baisse de la fréquentation combinée au non-accompagnement de l’État affaiblit le portefeuille de maintes cliniques privées au Mali en cette ère de lutte contre le coronavirus. Avec l’expansion de cette maladie, les patients prennent leur distance des cliniques.
Baisse des recettes
Selon Amédou Mallé, infirmier dans une clinique à Kalaban-Coura, « Les malades ont peur d’aller se faire consulter » de peur de se voir déclarer positifs à la covid-19. En effet, Souleymane Fomba, laborantin au cabinet médical Laydou de Kabala, indique qu’avant le coronavirus, sa clinique pouvait effectuer plus de onze consultations, seulement entre 8 h et 13 h. Son département laboratoire générait ainsi une recette journalière variant entre 450 000 et 600 000 FCFA.
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Depuis l’annonce des premiers cas détectés au Mali, la situation a viré au rouge. Les revenus ont largement baissé. La rupture de certains produits pharmaceutiques est venue mettre le pied dans le reste du plat. Une situation qui n’est pas sans conséquence sur le traitement salarial du personnel.
Une peur sûrement justifiée
D’une certaine manière, on se demanderait si les malades n’ont pas raison d’avoir peur de se rendre dans ces cliniques. La plupart ne respectent pas les mesures-barrières. Rares sont celles qui possèdent des gangs ou des bavettes. Celles qui en possèdent aussi, le personnel refuse de les utiliser, sûrement parce qu’ils ne croient pas à la gravité du coronavirus. « Chez nous, il y’a les gangs et les bavettes, mais c’est nous-mêmes qui refusons de les utiliser », nous précise un agent de santé dans une clinique privée à Bamako.
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« Je pars travailler chaque jour sans gangs ni bavettes », confie A. D, personnel d’une clinique privée à Torokorobougou, en commune V du district de Bamako. Selon elle, après les premiers cas à la Covid-19 au Mali, elle s’achetait des gangs pour son travail. Mais vu que c’est chaque malade son gang, elle s’est fatiguée et a fini par s’abandonner à son sort. Une situation qui pourrait également exposer les patients.
L’État dans le viseur
Du côté des patients, bien vrai qu’il existe des récalcitrants, la plupart respectent les mesures-barrières notamment le lavage des mains avec du savon, nous confie M. Mallé.
A.D estime qu’il ne faudrait pas pour autant en vouloir à ces cliniques puisqu’elles ont besoin aussi de l’aide de l’État en cette période difficile qu’elles traversent.
À l’en croire, dans les hôpitaux publics, les patients achètent leurs gangs, mais dans le secteur privé, cela est impossible. « S’il faut demander aux patients d’acheter, à chaque pansement, des gangs, rares sont ceux qui vont accepter », a-t-elle indiqué.
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Pour ne pas perdre les quelques clients qu’ils reçoivent en cette période de vache maigre, les personnels sont obligés de faire avec le moyen de bord en s’abandonnant à leur triste sort. Le besoin économique est privilégié à la préservation de la santé.
Fousseni Togola
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