Home Sécurité Libération d’otages : voilà ce que les djihadistes font comprendre à nos États !

Libération d’otages : voilà ce que les djihadistes font comprendre à nos États !

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La libération de quatre otages, parmi lesquels le chef de file de l’opposition malienne,  Soumaïla Cissé,  suscite des débats émanant de certaines craintes liées au système employé pour leur libération. Contre 4 otages, 230 djihadistes et une rançon estimée entre 15 et 20 millions d’euros auraient été libérés.  Des situations susceptibles d’aggraver l’insécurité dans le sahel.

Dans toutes les guerres, les djihadistes sont libérés, certes, mais 230 djihadistes plus une rançon estimée entre 15 et 20 millions d’euros, selon une publication de Seidick Abba, journaliste-écrivain et analyste politique, sur son compte Twitter, cela a tout le droit de donner à inquiéter. À travers ce geste, nos Etats renforcent ces groupes djihadistes.  Ces groupes ont profité aussi de ces libérations pour faire comprendre au monde leur domination. Car dans toute négociation, celui qui occupe la position privilégiée, c’est celui-là dont la voix porte le mieux. C’est comparable à ce que Karl Marx disait, dans « L’idéologie allemande », en parlant du capitalisme :  « Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toute époque, les pensées dominantes, autrement dit la classe matériellement dominante de la société y est aussi la puissance spirituellement dominante ». En effet, si les terroristes ne sont pas supérieurs idéologiquement à nos États, techniquement et matériellement, ils le sont. Donc, ces libérations soulèvent plus d’interrogations qu’elles n’en résolvent. 

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Sur les antennes de TV5 monde, vendredi 9 octobre 2020, la question sur la situation que pourrait accoucher cette libération massive de djihadistes contre la liberté de quatre otages a agacé le chef de file de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé. « Je ne suis pas inquiet d’être libéré », a-t-il indiqué avant de demander d’aller poser la question à une personne n’ayant pas été acteur de la situation qu’il a traversé.

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Pourtant, la question a tout le mérite d’être posée à lui en tant que chef de file de l’opposition malienne. Surtout,  celui qui avait suggéré au président déchu, Ibrahim Boubacar Kéïta, le report des élections législatives pour raison d’insécurité. Aujourd’hui, c’est lui sa libération qui contribue à remettre dans la nature plus de 200 djihadistes. D’un phénomène, de cause à effet, cette contribuerait plutôt à aggraver cette situation sécuritaire qu’à la résoudre. 

Interrogée le même jour par la même chaîne de télévision française, Niagalé Bagayoko, Présidente de l’African Security Secteur Network (ASSN), experte sécurité en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, a bien fait comprendre qu’il convient de s’interroger sur les conditions de détention et de libération de ces djihadistes. Notamment que parmi les mis en liberté se trouveraient certaines figures importantes de certains groupes djihadistes, a-t-elle précisé avant de faire comprendre que ces libérations pourraient peser sur les équilibres.

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Toutes ces situations ne doivent pas manquer d’interroger et en même temps d’inquiéter le monde. Cette libération massive et ce paiement de rançon par le Mali, la France ainsi que l’Italie, pays dont des otages ont été libérés,  n’est point sans conséquence pour la sécurité des pays du sahel et par ricochet du monde entier.

Cette libération d’otages donne ainsi une opportunité aux djihadistes non seulement d’agrandir leur rang mais aussi de s’équiper davantage en armes voire de faire fleurir leur business de drogue sur le territoire sahélien. 

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Au cours d’une interview,  mardi 6 octobre 2020, Bréma Ely Dicko, professeur de sociologie au Mali, indiquait que parmi les personnes libérées figurent des présumés djihadistes qui n’ont pas été jugés.  Selon lui, la crainte à ce niveau, c’est que le nombre d’années passées en prison pourrait remonter ces prisonniers contre l’Etat. Animé par un esprit de vengeance,  ils pourraient rejoindre des groupes djihadistes. 

Malgré toutes ces éventualités fâcheuses, certains trouvent comme excuse que la « vie de Soumaïla Cissé n’a pas de prix », comme si la sécurité au Mali et dans le Sahel n’avait pas suffisamment d’importance. Cette situation mérite des analyses objectives et non partisanes.

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Toutefois, il conviendrait, puisque le fait est consommé, que nos États s’équipent en contrepartie. Car les prochains jours voire les prochaines années peuvent s’avérer assez mouvementées dans le sahel, notamment au Mali. Parce que déjà les djihadistes ont eu confirmation qu’ils sont en position dominante.

Nos États feraient mieux de revoir rapidement leur stratégie de négociation pour ne pas continuer perpétuellement à être leur propre fossoyeur.

Oumarou

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