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La révolution de l’IA : l’éternel retard des gouvernants face à l’inéluctable

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À l’heure où l’intelligence artificielle bouleverse la planète, l’Afrique – et particulièrement le Sahel – est sommée de choisir : subir une révolution pensée ailleurs ou inventer son propre modèle de souveraineté numérique. Analyse.

À quoi servent nos dirigeants, si ce n’est à prévoir l’imprévisible et à circonscrire les périls avant qu’ils ne nous submergent ? L’histoire, une fois encore, semble se répéter. À l’heure où l’intelligence artificielle s’impose à nos sociétés avec une brutalité que nul n’aurait pu ignorer, gouvernements et institutions, du Nord comme du Sud, se retrouvent réduits au rôle de pompiers maladroits, courant derrière les incendies qu’ils n’ont su – ou voulu – prévenir.

Le monde pris dans un tsunami

Depuis les premières lueurs de l’IA, au milieu du XXᵉ siècle, il était écrit que cette révolution ne serait pas anodine. Les travaux de Warren McCulloch et Walter Pitts en 1943, l’irrésistible curiosité d’Alan Turing, et la célèbre conférence de Dartmouth en 1956 posaient déjà les jalons d’un séisme scientifique et sociétal. Mais il aura fallu attendre le XXIᵉ siècle pour voir éclore, à la faveur du deep learning, des Big Data et des algorithmes transformeurs, une IA omniprésente, omnipotente et, désormais, potentiellement incontrôlable.

À partir de 2010, boostée par les processeurs graphiques et l’explosion du numérique, l’IA a quitté les laboratoires pour envahir nos vies : reconnaissance faciale, traduction automatique, médecine prédictive, finance algorithmique, création littéraire automatisée… Un tsunami qui, comme toujours, trouve nos institutions en mode réactif plutôt que proactif. Entre 2023 et 2025, l’essor des modèles de langage géants (LLM) a démultiplié les usages, mais aussi les dangers, relançant des débats éthiques et politiques que l’on croyait encore lointains.

Centre d’Intelligence Artificielle et de Robotique

Et l’Afrique, dans tout cela ? Le continent, souvent en retard sur les grandes révolutions technologiques, n’échappera pas aux bouleversements. Au contraire, l’IA, si elle est maîtrisée, pourrait constituer une formidable opportunité de transformation économique et sociale. Mais sans vision stratégique claire, sans politiques publiques volontaristes, le risque est grand de voir l’Afrique devenir un simple marché consommateur d’innovations pensées ailleurs, sans considération pour ses réalités culturelles, linguistiques et sociales.

Pourtant, quelques signaux positifs émergent. À Bamako, l’ouverture du Centre d’Intelligence Artificielle et de Robotique en 2024 montre qu’une autre voie est possible. Mais cela suffira-t-il ? L’ampleur des défis impose bien plus qu’une floraison de projets pilotes. C’est une architecture entière de souveraineté numérique, de formation massive aux métiers de demain, et de régulation adaptée qu’il faut édifier d’urgence.

Car il ne s’agit plus seulement d’embrasser la modernité. Il s’agit de ne pas en être écrasé.

Chiencoro Diarra 


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