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Inondations au Mali 2025 : 23 morts et plus de 11 000 sinistrés

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À Bamako comme à Kayes, de Tombouctou à Bandiagara, l’hivernage 2025 ne se contente pas de faire reverdir les champs. Il tue, détruit, disperse. En août, le bilan provisoire est déjà lourd — 23 morts, 33 blessés, 11 122 sinistrés — et confirme une tendance inquiétante : au Mali, la pluie n’est plus seulement bénédiction, elle est catastrophe.

Samedi 23 août, une pluie diluvienne s’est abattue sur la capitale malienne. En quelques heures, les avenues se sont muées en torrents, révélant une vérité dérangeante : au Mali, les inondations doivent moins aux caprices du ciel qu’aux errements des hommes.

La scène s’est répétée comme un rituel funeste. En fin d’après-midi, Bamako a basculé sous des trombes d’eau. À Kabala, du terminus jusqu’à la cité universitaire, le goudron avait quasiment disparu sous un fleuve improvisé. À Bacodjicoroni, le pont reliant Torokorobougou à Djicoroni s’est transformé en déversoir, noyant la voie principale.

Un décor connu, presque banal, tant il s’impose désormais à chaque hivernage : quartiers engloutis, circulation paralysée, habitants piégés. Et pourtant, derrière le chaos apparent, il y a une cause simple : les eaux n’ont plus de chemin.

2024, le spectre du pire

Le Comité interministériel de gestion des crises s’est réuni le 21 août pour dresser un état des lieux qui sonne comme une alerte nationale. En une seule semaine — du 12 au 18 août —, trois cas d’inondation et un cas de foudre ont endeuillé le pays. Depuis le début de la saison, ce sont 34 inondations, 6 cas de foudre et 4 épisodes de vent violent qui ont frappé le Mali, provoquant un cortège de destructions : 845 maisons effondrées, plus de mille ménages affectés.

Dans un pays où l’eau reste paradoxalement rare la moitié de l’année, chaque saison des pluies ressemble de plus en plus à une roulette russe. Bamako, la capitale tentaculaire, est au premier rang : constructions anarchiques, caniveaux obstrués, quartiers entiers bâtis sur des lits de ruissellement. Résultat : trois morts dès les premières pluies, des centaines de maisons englouties. Kayes, Bandiagara, Ségou, Koulikoro et Sikasso n’ont pas été épargnées non plus.

Si 2025 paraît déjà dramatique, les esprits gardent encore en mémoire le bilan cauchemardesque de 2024 : jusqu’à 95 morts, 154 blessés, près d’un demi-million de personnes affectées et plus de 47 000 maisons effondrées. Le Mali avait alors connu ses pires inondations depuis des décennies, forçant le gouvernement à déclarer l’état de « catastrophe nationale ». Cette année, les chiffres sont pour l’instant moins lourds, mais la saison n’est pas finie et les services météo préviennent : les pluies seront encore plus fréquentes et plus intenses jusqu’en septembre.

Entre fatalisme et urgence politique

Le gouvernement a présenté ses condoléances aux familles endeuillées et promet un soutien « pied à pied » aux sinistrés. Des brigadiers citoyens ont été mobilisés, des messages de sensibilisation diffusés par radios, télévisions et application SOS Sécurité, tandis que la Protection civile renforce ses unités d’intervention rapide. Mais, au-delà des mots, les chiffres rappellent que le coût des inondations se chiffre désormais en milliards, humains comme financiers.

Le paradoxe malien tient en une formule : trop peu d’eau en avril, trop d’eau en août. Le Comité technique appelle à la vigilance : libérer les voies d’écoulement, éviter les zones à risque, ne pas s’abriter sous un arbre pendant l’orage, fuir les câbles électriques traînant dans l’eau. Autant de consignes de survie qui sonnent comme un rituel, répété chaque année, rarement respecté.

La montée des eaux dans les fleuves Niger et Sénégal est déjà supérieure aux trois dernières années, et les barrages comme celui de Sélingué procèdent à des lâchers d’eau pour éviter l’engloutissement. À la suite des inondations de 2024, le président de la transition a instruit la démolition de toutes les constructions anarchiques afin d’éviter la reproduction de ce drame. Les victimes des inondations, l’année dernière, ont également bénéficié de l’appui de l’Etat malien. 

A.D


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