La crise sociopolitique que traverse le Mali avec son lot de morts, de blessés et de dégâts matériels mérite des interrogations sur la place que la religion a toujours occupée dans nos sociétés. Cet extrait de « Les conférences nationales en Afrique noire » de Fabien Eboussi Boulaga, philosophe camerounais, aide à mieux la comprendre à travers l’expérience que l’auteur prend la conférence nationale du Bénin en 1990. Une conférence qui marque l’avènement de la démocratie dans ce pays d’Afrique de l’ouest.
« La pratique de la conférence nationale nous fait voir la religion sous un jour différent ; elle en souligne des aspects oubliés, méconnus. Elle nous donne de chercher à la comprendre, telle qu’elle est vécue, selon cette intelligence “de sens commun” qui noue indissolublement le politique et le sacré. Ce qui se montre est la religiosité des “sociétés” africaines. Elles se distinguent, sans nécessairement s’y opposer, de la religion à contenu doctrinale définie et obligatoire et à vocation ou ambition unitaire. Cette dernière la présuppose constamment, malgré toutes les dénégations. Leur incompatibilité n’a d’égale que leur complémentarité. Les simplismes ignorent ce paradoxe. Mais la réalité l’impose.
Pour apprécier la religion telle qu’elle sourd, affleure et s’épand à la conférence nationale du Bénin et ailleurs, il est indispensable de garder à l’esprit quelques observations qui résument l’expérience instruite par l’histoire, l’anthropologie de la religion dans ses formes et ses manifestations ordinaires et banales. On attire donc l’attention sur la nature historique de la religion, sur les caractéristiques de la religion ethnique, et enfin sur les interférences entre celle-ci et les religions chrétienne ou islamique, surtout en temps de disette, de violence et de détresse.
On l’a rappelé avec force, la religion est une grandeur historique. » P.44.
Par Fousseni Togola
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