Face aux bouleversements géopolitiques, l’Université Senghor forme une nouvelle génération de diplomates francophones pour repenser l’influence de la Francophonie dans un monde en mutation.
Il fut un temps où la diplomatie francophone se pensait en héritière d’une puissance structurante, une extension naturelle d’un empire déchu mais toujours influent. Aujourd’hui, face à la montée en puissance de nouvelles alliances stratégiques, à la redistribution brutale des équilibres mondiaux et à l’effritement progressif du pré carré, la Francophonie n’a plus le luxe de l’illusion. Dans un monde où Washington, Pékin, Moscou et Ankara redéfinissent sans état d’âme les règles du jeu, le défi est clair : exister ou disparaître.
C’est dans cette logique que s’inscrit l’initiative de l’Université Senghor, qui convie 80 jeunes diplomates de l’espace francophone à une formation de haut niveau sur le thème « Diplomatie, mondialisation et Francophonie : la diplomatie francophone face aux nouveaux enjeux de la mondialisation ». Une tentative de réarmer intellectuellement une élite qui peine encore à s’émanciper des vieux réflexes de dépendance.
Une formation, trois objectifs; rattraper le temps perdu
Pendant trois semaines, du 15 juin au 4 juillet 2025, au siège de l’université à Alexandrie (Égypte), ces futurs décideurs auront pour mission d’interroger la place de la Francophonie dans un monde en pleine mutation. Trois axes stratégiques structurent cette formation :
🔹 Comprendre l’histoire et les enjeux géopolitiques de la Francophonie, un espace aux ambitions souvent contrariées, où la langue française, jadis instrument de pouvoir, tente encore d’être un levier d’influence.
🔹 Maîtriser les défis contemporains de la mondialisation, entre crises sécuritaires, chocs économiques et luttes d’influence qui laissent peu de place aux structures multilatérales figées.
🔹 Acquérir des compétences pratiques en négociations internationales et gestion de crise, dans un contexte où les rapports de force ne s’écrivent plus à l’encre de la diplomatie traditionnelle, mais à celle des contrats énergétiques et des accords militaires.
Quand la Francophonie cherche un second souffle
Il n’aura échappé à personne que cette initiative survient dans une période de turbulence pour la diplomatie francophone. Face aux coups d’État en cascade au Sahel, au rejet croissant des élites francophiles et à la réorientation géopolitique de plusieurs pays africains, l’heure est aux choix stratégiques.
Si l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) peine à se positionner comme un acteur central dans ces recompositions, cette formation ambitionne néanmoins de redonner du corps à un projet trop souvent réduit à des sommets sans conséquences. Loin des grandes déclarations, il s’agit ici de former une génération qui ne voit plus la Francophonie comme un héritage à gérer, mais comme un espace à conquérir.
Derrière les 6 crédits ECTS et le certificat remis aux participants, se cache une interrogation existentielle : la Francophonie a-t-elle encore les moyens de peser dans l’arène internationale ? La réponse, dans un monde où l’influence ne se décrète plus mais se gagne, ne tiendra pas aux mots, mais aux actes.
La rédaction
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