Au Sénégal, l’ancien président tchadien, Hissène Habré, est décédé ce mardi 24 août. Cette mort, survenue à Dakar, est la chute d’un dictateur. Elle doit servir de conseil à une humanité toujours déchirée
Dictateur pendant neuf ans, musulman pieux pendant le restant de sa vie, tel fut le parcours de Hissène Habré, ex-président tchadien. Celui dont le règne a été marqué par de graves violations des droits de l’homme au Tchad a cassé la pipe, mardi. L’information a été donnée par le ministre de la Justice sénégalais, Malick Sall. Il aurait succombé au Covid-19 alors qu’il était hospitalisé à Dakar, où il purgeait sa peine à perpétuité.
Reed Brody, membre du Comité international de justice, décrit cet homme politique comme celui qui « restera dans l’histoire comme l’un des dictateurs les plus impitoyables, comme un homme qui a massacré son propre peuple pour s’emparer du pouvoir et s’y maintenir, qui a incendié des villages entiers, condamné des femmes à servir d’esclaves sexuelles à ses soldats et fait construire des cachots secrets pour infliger à ses ennemis des tortures moyenâgeuses ».
De la dictature à la mosquée
Selon une commission d’enquête tchadienne, près de 40 000 assassinats politiques ont été perpétrés par le régime Habré. Condamné à la prison à perpétuité par les Chambres africaines extraordinaires, en mai 2016, pour des crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement, le prédécesseur de feu Idriss Déby Itno avait trouvé refuge à Dakar, où il « a été remis entre les mains de son Seigneur », mardi 24 août 2021.
Comme le général Moussa Traoré, également dictateur dans l’histoire politique du Mali, Hissène Habré, en exil au Sénégal, était très vite devenu un musulman pieux, assez fréquenté par les fidèles. Il troque son treillis et sa casquette kaki pour un grand boubou et un calot blanc. Très vite, il se fait de la notoriété dans la communauté musulmane dakaroise.
Toute mort est certes une consolation pour les croyants, mais la chute des grands dictateurs de l’histoire doit énormément servir de conseil dans ce monde déchiré par la course aux intérêts, l’arrogance, le manque d’humilité. Dans les familles, les communautés, les nations, la coopération entre les États, les plus puissants se considèrent comme ayant le droit de vie et de mort sur les faibles. Les décideurs politiques ne cessent de bafouer les droits de leurs citoyens, en raison d’un pouvoir éphémère qu’il détiendrait. Pourtant, on oublie sûrement que nul ne détient, sur terre, le véritable pouvoir.
Fousseni Togola
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