Home InvestigationsOpinion Cultivés à la vertu, les hommes auront la corruption en aversion

Cultivés à la vertu, les hommes auront la corruption en aversion

3 comments 63 views
ÉPICURE (vers 342-270 av. J.-C.)

La lutte contre la corruption doit passer par l’éducation des enfants. Quand les hommes sont formés aux vertus cardinales de la vie en société, ils auront la corruption en aversion. La philosophie épicurienne apparaît dans toute son actualité par rapport à cette problématique.
« […] Il n’y a pas moyen de vivre agréablement si l’on ne vit pas avec prudence, honnêteté et justice, et […] il est impossible de vivre avec prudence, honnêteté et justice si l’on ne vit pas agréablement. » Ce passage du philosophe antique grec, Épicure, s’avère d’une importance capitale dans la situation actuelle que traverse le Mali.
Cette leçon épicurienne mérite d’être hissée au fronton de tous les édifices publics en République du Mali. Elle sert de leçon de morale non seulement aux corrompues, mais aussi à ceux chargés du traitement salarial des fonctionnaires ou de tout autre travailleur dans n’importe quel secteur d’activité.  
La lutte contre la corruption, pour être une réussite, mérite d’avoir des mesures accompagnatrices en termes de traitement salarial pour éviter que les dilapidateurs de deniers publics n’aspirent plus à la corruption. L’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs peut impacter positivement sur la corruption.
L’homme est l’éternel insatisfait dont toute la vie se résume à la recherche d’une vie agréable ou pour dire simple, du bonheur.
 Selon Karl Popper, ce genre de recherche ne se limite point aux hommes. Tous les êtres sont à la recherche d’une vie meilleure, écrivait ce penseur anglais du 20e siècle. Sauf que c’est seulement l’être humain qui est capable de corruption.
L’accès à une vie agréable n’est pas possible sans un sacrifice de soi. Puisque cette quête effrénée du bonheur doit se conformer aux valeurs de prudence, d’honnêteté et de justice. Sans cela, la recherche du bonheur ne peut que conduire aux malheurs.  
« Les vertus en effet, ne sont que des suites naturelles et nécessaires de la vie agréable et, à son tour, écrit Épicure, la vie agréable ne saurait se réaliser en elle-même et à part des vertus. »
Le manque de discernement sur la distance qui sépare la quête du bonheur de la conformité aux vertus a conduit Bakary Togola, Adama Sangaré, ainsi que d’autres maires du Mali devant le Pôle économique et financier. Une situation à la suite de laquelle, ils se sont retrouvés à la Maison centrale d’arrêt de Bamako en attendant qu’ils se justifient des faits pour lesquels des soupçons planent sur leur tête. La recherche d’une vie agréable a engendré une augmentation de douleurs chez ces hommes.
La vie agréable pour un pauvre n’est possible que lorsqu’il arrive à limiter ses plaisirs aux seuls qui soient à la fois naturels et nécessaires. Des plaisirs qui sont indispensables pour la vie comme le manger et le boire.
« L’habitude d’une nourriture simple et non pas celle d’une nourriture luxueuse, convient donc pour donner la pleine santé, pour laisser à l’homme toute liberté de se consacrer aux devoirs nécessaires de la vie, pour nous disposer à mieux goûter les repas luxueux, expliquait Épicure, lorsque nous les faisons après des intervalles de vie frugale, enfin pour nous mettre en état de ne pas craindre la mauvaise fortune. »
Comment créer cette habitude en l’homme si ce n’est depuis le bas âge à travers l’éducation ? Ce qui laisse comprendre que la lutte contre la corruption doit commencer depuis dans les écoles. La vie heureuse n’est possible qu’à travers un « jihad », comme diront les musulmans, dans le sens d’une maitrise de soi.
« […] Ce n’est pas une suite ininterrompue de jours passés à boire et à manger, ce n’est pas la jouissance des jeunes garçons et des femmes, ce n’est pas la saveur des poissons et des autres mets que porte une table somptueuse, ce n’est pas tout cela qui engendre la vie heureuse, mais c’est le raisonnement vigilant, capable de trouver en toute circonstance les motifs de ce qu’il faut choisir et de ce qu’il faut éviter, et de rejeter les vaines opinions d’où provient le plus grand trouble des âmes. »
Ce passage vaut bien non seulement pour ceux qui occupent des fonctions de hautes responsabilités, mais aussi pour les particuliers.
Pour vivre heureux ou de façon agréable, il convient de savoir ce qu’il faut prendre et ce qu’il faut laisser. Ce choix est nécessaire pour ne pas se créer des troubles, comme c’est le cas pour toutes les personnes interpellées aux Pôles économiques et financiers du Mali.
La chose publique ne peut jamais devenir, de façon permanente et sans conséquence, une propriété privée. 
Une lutte efficace contre la corruption est un travail de longue haleine. Elle doit passer par la culture des hommes à la sagesse. Ce travail de titan doit débuter depuis le jeune âge.
Les autorités maliennes ont intérêt, si elles sont sincères dans leur lutte contre la corruption, à intégrer plus de programmes dans le système éducatif non seulement sur les vertus, mais aussi sur la corruption, ses causes et ses inconvénients.

3 comments

Unknown 12 novembre 2019 - 17 h 36 min

Je partage votre point de vue.

Reply
Fousseni Togola 12 novembre 2019 - 18 h 57 min

Merci

Reply
Fousseni Togola 12 novembre 2019 - 18 h 58 min

Ce commentaire a été supprimé par l\’auteur.

Reply

Leave a Comment

A propos

Sahel Tribune est un site indépendant d’informations, d’analyses et d’enquêtes sur les actualités brûlantes du Sahel. Il a été initialement créé en 2020, au Mali, sous le nom Phileingora…

derniers articles

Newsletter

© 2023 Sahel Tribune. Tous droits réservés. Design by Sanawa Corporate