Accueil » Blog » A la Une » Construction de la raffinerie d’or du Mali : la fin du tout-export, le début du raffinement national

Construction de la raffinerie d’or du Mali : la fin du tout-export, le début du raffinement national

0 comments 81 views 5 minutes read

À Bamako, le 16 juin 2025, le Président Assimi Goïta a lancé les travaux d’une infrastructure stratégique : la première raffinerie d’or du Mali. Portée par un partenariat inédit avec le groupe russe Yadran, cette initiative marque un tournant décisif dans l’histoire industrielle et économique du pays.

Dans la douceur d’un ciel couvert, mais dans l’éclat des grandes décisions et devant une assistance mêlant autorités, diplomates et figures coutumières, le Général d’armée Assimi Goïta, Président de la Transition, a posé la première pierre de ce qui s’annonce comme le joyau industriel du Mali post-refondation : une raffinerie d’or d’une capacité annuelle de 200 tonnes, située à Senou, en commune VI du district de Bamako.

La symbolique est forte. Pour un pays classé 3 ᵉ producteur d’or d’Afrique, mais longtemps confiné à l’exportation de minerai brut, cette raffinerie incarne un saut qualitatif vers la souveraineté économique. L’État malien en détiendra 62 % du capital via la société SOREM S.A., tandis que Yadran — partenaire russe stratégique — apportera l’expertise technologique et financière.

L’or du Mali, enfin raffiné au Mali

« Ce que nous construisons, ce n’est pas simplement une usine. Nous construisons des emplois, des recettes pour l’État, et une nouvelle économie où le Mali n’est plus un simple fournisseur de matière première, mais un acteur industriel respecté dans la région » a affirmé Sedan Veselinovic, représentant du groupe Yadran. Sa prise de parole, ponctuée de promesses concrètes, a dressé le portrait d’un complexe ultramoderne sur 5 hectares, doté de laboratoires, d’entrepôts, de systèmes logistiques aux standards internationaux — et surtout, de capacités d’accueil pour former et insérer les jeunes maliens dans la chaîne de valeur aurifère.

Le projet n’a rien d’un simple chantier d’apparat. « La raffinerie pourra traiter non seulement l’or malien, mais également celui des pays voisins comme le Burkina Faso, qui produit plus de 57 tonnes par an. Ce sera un centre régional de transformation des métaux précieux, » a renchéri Irek Salikhov, président du groupe Yadran. Avant de conclure : « Ce projet est le premier résultat concret du dialogue stratégique russo-malien. »

Une vision souverainiste traduite en actes

Cette raffinerie s’inscrit dans la continuité des réformes initiées par le gouvernement de Transition sous la houlette du ministre des Mines, Amadou Keïta. Depuis 2022, Bamako multiplie les initiatives : audit des contrats miniers, création de la SOREM, relèvement des parts de l’État dans les projets miniers, obligation pour les exploitants d’affiner l’or localement… Une ligne claire s’impose : faire de l’or un levier de développement maîtrisé et redistributif.

« Cette usine est la réponse concrète à des décennies d’attentes populaires. Elle est l’incarnation matérielle d’un Mali qui ne brade plus son sous-sol, mais en fait le socle d’une économie souveraine, intégrée et résiliente, » a martelé le ministre Amadou Keïta dans un discours empreint de détermination.

Il a rappelé que, malgré ses 55 tonnes d’or annuelles, le Mali perdait jusqu’à présent une part substantielle de sa richesse dans l’export brut, sans transformation locale. Ce « manque à gagner », selon ses termes, sera désormais converti en infrastructures, en formations, et en revenus budgétaires durables.

Un projet pour l’économie… et la mémoire

Ce chantier industriel, voulu par les plus hautes autorités du pays, revêt également une portée sociale et identitaire. La maire de la commune VI, Mme Coulibaly Salimata Traoré, l’a souligné avec émotion : « Ce projet d’envergure n’aurait pu voir le jour sans le leadership visionnaire du président Goïta. Il marque le retour de l’État dans ses fonctions stratégiques et le début d’une nouvelle ère pour notre jeunesse. »

Un espoir partagé par les populations locales, qui voient déjà poindre les opportunités : création d’emplois directs et indirects, réduction du chômage, dynamisation de l’économie locale, et renforcement de la formation professionnelle.

Dans un style direct et sans détours, le Général d’Armée Assimi Goïta a rappelé le sens historique du lancement des travaux de construction de la raffinerie d’or de Sénou. « Depuis 1980, l’or du Mali est affiné ailleurs, vendu ailleurs, enrichissant d’autres économies. Aujourd’hui, nous mettons fin à cette anomalie », a-t-il déclaré.

Fruit des recommandations des Assises nationales de la Refondation, ce projet est l’aboutissement d’une série d’actions souverainistes : audit du secteur minier, refonte du Code minier, création d’une société publique d’exploration (SOREM), loi sur le contenu local, renégociation des contrats léonins. 

L’objectif est limpide : que l’or du Mali brille enfin pour les Maliens. Et cette raffinerie, appelée à devenir la seule autorisée à affiner l’or extrait sur le territoire, permettra de contrôler la traçabilité, de rapatrier les revenus, et de créer des milliers d’emplois pour la jeunesse. Au-delà, c’est aussi une déclaration géopolitique : « Nos partenaires russes ne nous livrent pas seulement une usine, mais aussi leur expertise et un transfert de compétences. » 

Russie-Mali : une alliance pragmatique

La cérémonie du 16 juin n’était pas seulement nationale — elle était géopolitique. Avec la raffinerie de Senou, le Mali envoie un signal clair à ses partenaires : l’heure est à la coopération équitable et respectueuse des souverainetés. Le partenariat avec Yadran illustre cette volonté d’un nouveau deal africain, libéré des asymétries héritées des anciennes puissances tutélaires.

« Le Mali peut compter sur la Russie comme sur un véritable partenaire stratégique et ami, » a déclaré Veselinovic. Le ton est donné. Et dans les pas de cette raffinerie, d’autres projets structurants sont déjà en préparation — dans l’énergie, l’agro-industrie, la défense ou encore la formation.

Le lancement de la raffinerie d’or de Senou est bien plus qu’un événement industriel. Il est une déclaration d’intention, une démonstration de souveraineté, un pari sur l’avenir. Assimi Goïta, saluant la coopération renforcée avec la Fédération de Russie, conclut : « Ce rêve longtemps attendu par notre peuple est en train de devenir réalité. »

A.D


En savoir plus sur Sahel Tribune

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Veuillez laisser un petit commentaire pour nous encourager dans notre dynamique !

A propos

Sahel Tribune est un site indépendant d’informations, d’analyses et d’enquêtes sur les actualités brûlantes du Sahel. Il a été initialement créé en 2020, au Mali, sous le nom Phileingora…

derniers articles

Newsletter

© 2023 Sahel Tribune. Tous droits réservés. Design by Sanawa Corporate

error: Le contenu est protégé !!