Depuis maintenant quatorze jours, les établissements d’enseignement privés du secondaire au Mali se retrouvent au cœur d’une crise qui transcende les frontières de la salle de classe pour s’immiscer dans les préoccupations nationales. Le groupement des associations de promoteurs d’écoles privées a érigé ses revendications en bannière, plongeant ainsi le pays dans une réflexion profonde sur l’équilibre entre l’enseignement, la responsabilité sociale et les impératifs financiers.
Au centre de cette tourmente, une demande financière, jugée par certains comme exorbitante, a été adressée à l’État malien. Les promoteurs d’écoles privées réclament le paiement intégral et inconditionnel des frais scolaires ainsi que des demi-bourses pour l’année scolaire 2022-2023. Un appel financier qui s’inscrit dans un contexte national déjà marqué par des défis économiques considérables.
Pourtant, le gouvernement malien, malgré ses contraintes budgétaires, a fait un pas en avant en promettant le règlement d’un reliquat de trois milliards quatre cent quatre-vingt-dix-neuf millions quatre cent soixante-sept mille (3 499 467 000) francs CFA au niveau du District de Bamako. Le ministre de l’Économie et des Finances s’est même engagé à verser deux milliards (2 000 000 000) francs CFA dès que les mandats seront finalisés par les services compétents.
Cette situation soulève une ironie poignante alors que le Mali se trouve dans une lutte acharnée contre les groupes armés terroristes, particulièrement pour la reconquête de Kidal, échappant au contrôle de l’État depuis plus d’une décennie. Les promoteurs d’écoles privées, souvent perçus comme des intellectuels, sont maintenant mis à l’épreuve, mettant en question leur sens de la responsabilité sociale, surtout à la lumière d’engagements antérieurs pris.
La question centrale à retenir dans ce récit complexe est le message que ces promoteurs envoient aux enfants, les futurs citoyens qu’ils sont censés éduquer au patriotisme. Leur attitude, perçue comme écoeurante dans ce contexte, met en lumière la nécessité d’une réflexion approfondie sur la responsabilité sociale des établissements éducatifs privés, au-delà de la simple transmission des connaissances.
Face à cette indifférence apparente, le gouvernement malien est appelé à maintenir la dynamique initiée lors des orientations des admis du Diplôme d’étude fondamentale (DEF) de cette année. Cela suppose un investissement accru dans les écoles publiques, nécessitant la rénovation de ces établissements et l’augmentation de leur capacité d’accueil.
Dans cette chronique, la lumière est également portée sur les révélations choquantes provenant de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (Oclei), exposant une fuite financière liée à la gestion des subventions accordées aux établissements privés d’enseignement secondaire. Des établissements qui, selon l’Oclei, sont infiltrés depuis des années par un « réseau mafieux ». Les irrégularités financières s’élèvent à près de 20 milliards de FCFA pour l’exercice 2019 à 2020, selon le rapport du Bureau du Vérificateur général.
Cette corruption systémique soulève des questions cruciales sur la capacité de l’État à résoudre les problèmes persistants du secteur éducatif. Alors que l’éducation est censée être une force de lutte contre la corruption, elle se retrouve malheureusement au cœur d’une crise complexe, exposant les défis majeurs auxquels le Mali est confronté dans la construction d’un avenir éducatif solide et intègre. La chronique se termine ainsi sur une note d’interrogation, invitant chacun à participer à la recherche de solutions et à repenser le rôle crucial de l’éducation dans la construction d’une société éthique et équilibrée: le Mali Koura.
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