Ce jeudi 30 mai 2024 marque une journée significative pour les relations entre le Sénégal et le Mali. Bassirou Diomaye Faye, le nouveau président du Sénégal, fait une escale à Bamako dans le cadre de sa tournée sous-régionale, visitant successivement la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Nigeria, et le Ghana. Ce déplacement témoigne d’une volonté affirmée de renforcer les liens de coopération et de solidarité entre ces nations.
La présence de Bassirou Diomaye Faye au Mali n’est pas une simple visite protocolaire. Elle symbolise une vision commune de l’avenir africain, enracinée dans le panafricanisme. Les autorités maliennes de la transition et le président sénégalais partagent une même ambition : celle d’une Afrique unie et souveraine, capable de résister aux influences extérieures et de s’autodéterminer.
Lors de la visite du député de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, avait clairement exprimé sa position sur les sanctions de la Cédéao qui frappent durement certains pays sahéliens. Pour lui, il est inconcevable que le Sénégal abandonne ses frères de l’Alliance des États du Sahel (AES), formée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, le 16 septembre 2023. Cette coalition a pris la décision salvatrice de se retirer de la Cédéao, qu’elle juge instrumentalisée par des forces extérieures.
Réformer sans détruire
Bassirou Diomaye Faye ne plaide pas pour la dissolution de la Cédéao mais pour sa refondation. Il appelle à une intégration plus forte et plus juste, en corrigeant les faiblesses et en adaptant les méthodes. « Je lance un appel à nos frères et sœurs africains pour qu’ensemble nous consolidions les acquis obtenus dans le processus de construction de l’intégration de la Cédéao, tout en corrigeant les faiblesses et en changeant certaines méthodes, stratégies et priorités politiques », déclarait-il lors de sa première apparition publique après sa victoire.
Cette démarche s’inscrit dans une volonté de stabilisation régionale. La tournée de Faye, incluant le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la Guinée, la Guinée Bissau, le Cap Vert, la Mauritanie, et maintenant le Mali, et le Burkina Faso, vise à apaiser les tensions croissantes dans la région. Les conflits entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, ou entre le Mali et la Mauritanie, montrent à quel point une diplomatie proactive est nécessaire.
Monnaie et souveraineté économique
Un autre enjeu majeur de la visite de Bassirou Diomaye Faye est la question du FCFA. Le président sénégalais, aligné avec les pays de l’AES, envisage une réforme profonde de la politique monétaire.
Le rejet du FCFA est devenu une revendication symbolique de la souveraineté africaine, résonnant fortement parmi les populations sahéliennes. Cette réforme est vue comme un pas vers une véritable indépendance économique et une intégration africaine renforcée.
Une coopération historique
La coopération entre le Mali et le Sénégal ne date pas d’hier. Liés par l’histoire, la géographie, et la culture, les deux pays entretiennent des relations commerciales et éducatives étroites. Les universités sénégalaises sont prisées par les cadres maliens pour leur formation, soulignant l’interdépendance et la confiance mutuelle entre les deux nations.
Cette visite d’amitié et de travail de Bassirou Diomaye Faye à Bamako est donc porteuse de nombreux espoirs. Elle se veut le symbole d’une solidarité renforcée et d’une volonté commune de surmonter les défis régionaux. Les entretiens entre le président sénégalais et son homologue malien de la transition seront cruciaux pour consolider cette alliance.
Cette visite s’inscrit dans une « dynamique de renforcement des liens historiques de bon voisinage, d’amitié fraternelle, de solidarité et de coopération multiforme »
Vers une nouvelle ère de coopération
En assurant que son pays restera « l’allié sûr et fiable » de tous les partenaires étrangers respectueux, Faye envoie un message fort à la communauté internationale. Il affirme la position du Sénégal comme un acteur clé dans la stabilisation de la région, prêt à coopérer avec les pays sahéliens pour une intégration et une indépendance renforcées.
Cette dynamique est une réponse directe aux attentes des populations sahéliennes, aspirant à plus d’autonomie et de solidarité. En visitant ses voisins et en s’engageant dans des discussions constructives, Bassirou Diomaye Faye montre que le panafricanisme n’est pas une utopie, mais une voie réaliste et nécessaire pour l’avenir de l’Afrique de l’Ouest.
Le Mali, en accueillant son visiteur sénégalais, ne voit pas seulement un président, mais un frère et un allié dans la quête commune d’un futur meilleur pour leurs peuples. Les discussions à venir seront déterminantes pour le chemin à emprunter ensemble, dans un esprit de coopération et de respect mutuel.
Ainsi, l’arrivée de Bassirou Diomaye Faye à Bamako marque le début d’une nouvelle ère de collaboration entre le Mali et le Sénégal, une ère où les défis sont affrontés ensemble, dans l’unité et la solidarité.
Oumarou Fomba
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