Du haut de la tribune new-yorkaise, Bamako s’apprête à faire entendre une voix qui dérange : celle d’un Mali debout, souverain, enraciné dans une alliance sahélienne assumée.
À l’ombre du Conseil de sécurité, où le jeu des puissances continue de s’imposer aux peuples, la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations unies s’est ouvert ce 23 septembre dans un monde fracturé, secoué par les crispations géopolitiques et l’effritement du consensus multilatéral. Pour représenter le Mali, le général de division Abdoulaye Maïga, Premier ministre et chef du gouvernement, a quitté Bamako à la tête d’une importante délégation. Il portera la parole du président de la Transition, le général Assimi Goïta, dans un moment où le pays n’a jamais autant revendiqué sa parole propre, affranchie des anciennes tutelles.
L’Alliance des États du Sahel en ligne de mire
Le thème choisi par les Nations unies – « Mieux ensemble : 80 ans et plus pour la paix, le développement et les droits humains » – sonne comme un vœu pieux face aux réalités des Suds. Le Mali, avec d’autres pays du Sahel, ne se contente plus d’y adhérer symboliquement. À la tribune des Nations unies, le 26 septembre, le général Maïga entend exposer ce que Bamako considère désormais comme l’architecture d’un nouveau pacte africain : une gouvernance réformée, une paix construite de l’intérieur, et une coopération internationale débarrassée des postures paternalistes.
Car au-delà du Mali, c’est toute la Confédération des États du Sahel (AES) – cette entente géopolitique tripartite entre Bamako, Niamey et Ouagadougou – que le Premier ministre défendra comme une réponse sahélienne à la faillite des schémas sécuritaires importés. Dans un monde où les lignes d’alliances se redessinent, l’AES est le fruit d’un choix stratégique : celui d’un arrimage régional, non aligné, où la sécurité se conjugue avec la dignité et la souveraineté.
L’intervention d’Abdoulaye Maïga devrait mettre en exergue les avancées de la Transition malienne, aussi bien sur le plan institutionnel que sécuritaire. Du plan Dougoukolo Ko à la montée en puissance des FAMa, en passant par les réformes en matière de justice, de santé ou d’éducation, le message est clair : le Mali ne veut pas d’un traitement différencié, mais d’un partenariat équilibré.
Diplomatie bilatérale et diaspora malienne au programme
Au-delà du discours, la présence du Premier ministre à New York sera marquée par une série de rencontres bilatérales avec des chefs d’État, des responsables d’organisations internationales et des partenaires techniques. Objectif : faire valoir les intérêts stratégiques du Mali, tout en consolidant les nouvelles orientations diplomatiques, notamment vers l’Asie, le Moyen-Orient, et les BRICS.
Maïga s’adressera également à la communauté malienne vivant aux États-Unis. Un moment souvent plus politique qu’il n’y paraît, tant la diaspora constitue un relais puissant, à la fois pour la diplomatie populaire du pays et pour ses ambitions économiques.
Une tribune mondiale pour une nouvelle voie
Ce déplacement à New York ne sera donc pas un simple rituel protocolaire. Il s’inscrit dans une stratégie assumée : inscrire le Mali dans une nouvelle dynamique diplomatique où les principes de souveraineté, d’égalité entre les États, et de respect mutuel ne sont plus négociables.
Ceux qui s’attendent à un discours lisse seront déçus. Ceux qui craignent une sortie de route, aussi. Ce que le Mali propose, c’est une troisième voie : ni rupture stérile, ni soumission tacite. Une diplomatie de conviction.
Le Général Goïta n’a pas quitté Bamako, mais c’est bien sa vision qui s’exprimera, sur la scène mondiale, par la voix d’un Premier ministre qui ne mâche jamais ses mots.
A.D
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