Home InvestigationsOpinion Victoire du Républicain — quand les dirigeants étrangers s’empressent de se ranger derrière Trump

Victoire du Républicain — quand les dirigeants étrangers s’empressent de se ranger derrière Trump

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La vague de félicitations précipitées des dirigeants étrangers envers Donald Trump, avant même l’officialisation de sa victoire, révèle une diplomatie opportuniste où l’empressement à courtiser le futur président prime sur la retenue et le respect des processus électoraux. Décryptage. 

À peine les résultats de l’élection américaine officieux, voilà que des dirigeants du monde entier, de Recep Tayyip Erdogan à Emmanuel Macron, s’alignent en file pour féliciter Donald Trump de sa victoire. Tous rivalisent de superlatifs pour exprimer leur « respect », leur « admiration », voire leur « enthousiasme » pour le « come-back historique » du 47e président des États-Unis. Ce déferlement de félicitations ressemble à une compétition entre chefs d’État, une course pour être le premier à brandir la banderole de bienvenue à un homme qui n’a même pas encore vu sa victoire officiellement confirmée. 

Quand la diplomatie devient précipitation

Recep Tayyip Erdogan, par exemple, n’a pas hésité une seconde à publier un message public pour féliciter « son ami » Donald Trump, appelant de ses vœux une nouvelle ère de relations renforcées entre la Turquie et les États-Unis. Et les formules abondent : un « monde plus juste », des « crises mondiales résolues », et bien sûr, une paix miraculeuse en Ukraine et au Proche-Orient. Il est à se demander si Erdogan, par un excès de zèle, ne voit pas en Trump un messie diplomatique soudainement investi de pouvoirs surnaturels pour résoudre tous les conflits mondiaux.

Du côté de l’Europe, Emmanuel Macron n’a pas tardé à ajouter sa voix au concert des félicitations, se proclamant « prêt à travailler ensemble » avec Donald Trump, comme si cette coopération venait d’être suspendue hier. Cette rapidité excessive n’est pas seulement surprenante, elle est embarrassante. La précipitation des félicitations montre un empressement déplacé, une sorte de ruée vers le compliment qui paraît surtout destinée à s’assurer d’une place stratégique auprès du futur chef de la Maison-Blanche, sans prendre le temps de peser les mots. Ces dirigeants semblent plus intéressés par l’idée d’anticiper leurs intérêts que par la prudence diplomatique.

Zelensky et Netanyahou : l’empressement stratégique à tout prix

Volodymyr Zelensky, dans une situation de guerre, a lui aussi sauté sur l’occasion pour féliciter Trump pour une « impressionnante victoire », lui adressant publiquement ses espoirs pour une « paix juste ». Là encore, on peut comprendre la nécessité de jouer une carte diplomatique forte dans un contexte aussi tendu. Mais n’était-il pas plus judicieux d’attendre une confirmation officielle avant de dérouler le tapis rouge à l’homme qui a souvent affiché ses sympathies pour la Russie ? Ce revirement précipité de Zelensky, qui mise tout sur une continuité dans le soutien militaire américain, laisse une impression de fragilité, voire de panique. Il semble que chaque dirigeant s’empresse de manifester son enthousiasme, quitte à compromettre l’image d’une diplomatie mesurée et réfléchie.

Quant à Benyamin Netanyahou, il s’est félicité d’un « réengagement puissant dans la grande alliance ». Netanyahou, qui a eu une relation particulière avec Trump lors de son premier mandat, saute à pieds joints dans ce qu’il appelle « une victoire nécessaire pour le monde ». Ses mots illustrent bien la complicité évidente entre certains chefs d’État et l’ancien président américain, mais aussi leur empressement à s’assurer un soutien américain indéfectible, sans se soucier de la rapidité de leurs déclarations.

Et le bon sens, dans tout ça ?

Enfin, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán n’a pu contenir sa ferveur en célébrant le « plus grand come-back de l’histoire politique des États-Unis ». Pour lui, le retour de Trump n’est rien de moins qu’une « victoire nécessaire pour le monde ». Orbán voit en Trump une sorte d’alter ego politique, un dirigeant qui, comme lui, défie les normes démocratiques et se place en opposition à l’establishment. Pour Orbán, ce retour est donc une bénédiction, une validation de son propre style de gouvernance, mais aussi une manière de légitimer sa position sur l’échiquier mondial.

Cette vague de félicitations rapides, accordée avant même l’officialisation des résultats, est non seulement une maladresse diplomatique, mais elle envoie également un message inquiétant. Pourquoi cette précipitation ? Pourquoi ces dirigeants se montrent-ils si impatients de prendre position avant même que le processus électoral ne soit finalisé ? Cela donne une image de la diplomatie mondiale où le pragmatisme et la prudence sont abandonnés au profit de la flatterie et de la soumission stratégique. Il ne s’agit plus de respecter les institutions américaines, mais de s’aligner immédiatement, comme si ces dirigeants craignaient d’être laissés pour compte dans la future géopolitique américaine.

Oumarou Fomba 


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