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[ Tribune ] Définir les combattants: une urgence pour le Droit international humanitaire dans les CANI

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Les conflits armés non internationaux (CANI) présentent des défis uniques pour le droit international humanitaire, notamment en raison de la non-reconnaissance du statut de combattant pour les membres de groupes armés non étatiques. Dr Salif Sacko, auditeur de justice, souligne les nécessités et les voies potentielles pour renforcer la législation existante afin d’améliorer l’application du droit humanitaire et des droits de l’homme dans ces contextes complexes.

Dans le labyrinthe des conflits armés non internationaux, les lignes entre combattant et civil s’entremêlent souvent, créant une toile complexe où le droit international humanitaire peine à tracer son chemin. Dr Sacko dévoile les efforts pour dénouer ces fils, proposant des réformes essentielles pour guider la justice à travers les zones d’ombre de la guerre moderne.

Les conflits armés non internationaux (CANI) présentent d’importants défis juridiques et humanitaires, mettant souvent en lumière les lacunes du droit international humanitaire (DIH) en matière de reconnaissance et de protection des membres de groupes armés non étatiques. Contrairement aux conflits internationaux, « le DIH ne reconnaît pas explicitement le statut de combattant » à ces individus, créant ainsi une « zone grise en termes de protection et d’obligations ». 

Contexte juridique et nécessité de réforme

Le cadre juridique actuel des CANI repose principalement sur l’article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949 et sur le Protocole additionnel II de 1977. Ces documents, bien que fondamentaux, « ne confèrent pas le statut de combattant aux membres de groupes armés non étatiques », les considérant souvent comme des criminels selon le droit national. Cette distinction crée des complications majeures dans l’application du DIH, destiné à protéger les individus non impliqués directement dans les hostilités. L’absence de définitions claires pour les statuts de combattant et de civil génère une « incertitude dans l’identification des personnes éligibles à la protection ».

Cette lacune juridique n’encourage pas les groupes armés non étatiques à respecter scrupuleusement les règles du DIH. L’absence de reconnaissance formelle et de protection équivalente à celle accordée aux combattants dans les CAI peut diminuer l’incitation pour ces groupes à adhérer aux normes et aux obligations du DIH, contribuant ainsi à une escalade de la violence et à une détérioration des conditions humanitaires lors de ces conflits.

Pour aborder ces déficiences, une harmonisation des Protocoles additionnels I et II pourrait être envisagée pour « assurer une cohérence accrue et une application plus uniforme des normes humanitaires ». Proposer par analogie certains privilèges du statut de combattant aux membres des groupes armés dans les CANI pourrait améliorer significativement le respect des règles de la guerre par ces groupes, en échange de protections juridiques spécifiques.

Défis de mise en œuvre

La réalisation de ces réformes nécessite de surmonter plusieurs obstacles majeurs. D’abord, il est essentiel d’établir une distinction claire et objective entre les groupes armés légitimes et ceux impliqués dans des activités terroristes ou de graves violations du DIH. 

De plus, une « coopération internationale renforcée et une réelle volonté politique » sont indispensables pour intégrer ces changements dans les protocoles existants, un défi qui peut être complexe à relever dans le contexte géopolitique actuel. Il est également crucial de s’assurer que l’extension du statut de combattant à certains groupes armés non étatiques ne contribue pas à une légitimation de la violence indiscriminée.

De plus, il est essentiel d’assurer que l’extension du statut de combattant à des groupes armés non étatiques ne se traduise pas par une augmentation de la légitimité de groupes qui utilisent la violence de manière indiscriminée ou disproportionnée. La surveillance internationale et les mécanismes de contrôle doivent donc être renforcés pour garantir que les nouveaux statuts ne facilitent pas l’impunité pour des actes qui devraient, selon le DIH, être sanctionnés. 

Nécessaire renforcement des textes juridiques

Ces défis montrent que tout changement dans la réglementation du DIH doit être minutieusement planifié et exécuté avec la collaboration de tous les acteurs internationaux concernés, pour maintenir un équilibre entre la nécessité de protéger les droits des combattants légitimes et la prévention de la violence injustifiée.

L’adaptation des régulations du DIH pour mieux refléter les réalités des CANI est une tâche difficile, mais nécessaire pour « une meilleure protection des droits humains dans les conflits armés non internationaux ». Les efforts pour renforcer ces textes juridiques sont essentiels pour assurer l’efficacité du droit international humanitaire et maintenir la dignité humaine au cœur des zones de conflit.

Dr. Salif Sacko, auditeur de justice

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