Home A la Une Trente ans après Beijing, où en sont réellement les droits des femmes ? 

Trente ans après Beijing, où en sont réellement les droits des femmes ? 

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Trente ans après la Conférence de Beijing, le combat pour l’égalité des sexes oscille entre avancées fragiles et retours en arrière inquiétants. Ce qui révèle un féminisme sous tension face aux résistances conservatrices.

Il fut un temps où l’espoir portait un nom : Beijing 1995. Trente ans plus tard, le mirage s’effrite sous le poids des réalités. Ce qui devait être une marche irréversible vers l’égalité des sexes s’apparente aujourd’hui à un champ de bataille où avancées et reculs s’entrechoquent au gré des soubresauts politiques et des crispations conservatrices.

Loin des grandes envolées diplomatiques, le dernier rapport « Des mots et des faits : Bilan des actions gouvernementales trente ans après la Conférence de Beijing », publié par Equality Now, dresse un constat brut : l’égalité des sexes demeure une promesse inachevée, parfois même trahie.

Un féminisme sous tension, progrès et retour de flammes

En trois décennies, des acquis notables ont été enregistrés. Des lois discriminatoires ont été abrogées, des constitutions amendées, des réformes judiciaires menées. Au Japon, l’interdiction pour une femme de se remarier dans les 100 jours suivant son divorce a été partiellement levée. Aux Philippines, la prostitution n’est plus considérée comme un crime exclusivement féminin. En Sierra Leone, la discrimination basée sur le genre dans l’emploi a été proscrite.

Mais ces avancées, bien que réelles, sont loin d’être linéaires. Pire, elles sont aujourd’hui menacées par une vague réactionnaire mondiale, portée par le retour en force du patriarcat sous toutes ses formes. Aux États-Unis, la Cour suprême a enterré le droit fédéral à l’avortement. En Pologne, la justice a restreint l’accès à l’IVG. Dans plusieurs pays, le statut personnel des femmes demeure une enclave de discriminations institutionnalisées.

Quand le droit des femmes devient une variable d’ajustement politique

Plus qu’un combat social, l’égalité hommes-femmes est devenue une ligne de fracture politique majeure. Loin d’être un horizon inéluctable, elle est désormais un terrain de reconquête pour des forces conservatrices qui instrumentalisent la religion, la culture ou le nationalisme pour restaurer un ordre social inégalitaire.

En Afghanistan, les talibans ont relégué les femmes à l’invisibilité, leur interdisant l’accès aux universités, aux parcs et même aux salons de beauté. En Iran, la répression contre les militantes des droits des femmes s’intensifie, et le port obligatoire du hijab est devenu un outil de coercition politique.

Pire encore, certaines démocraties n’échappent pas à cette dynamique. En Uruguay et en Bolivie, des projets de loi visent à affaiblir les protections juridiques contre les violences sexuelles, tandis qu’en Corée du Sud et en Argentine, des ministères dédiés à l’égalité des sexes ont été supprimés.

Une souveraineté féminine encore à conquérir

Le rapport de Beijing+30 met en lumière un paradoxe frappant : jamais les revendications féministes n’ont été aussi structurées et visibles à l’échelle mondiale, et pourtant, jamais elles n’ont été autant contestées.

Le défi est désormais clair : passer des mots aux actes, et des engagements aux résultats. Abroger les lois discriminatoires, criminaliser les violences faites aux femmes, assurer l’indépendance économique des filles et des femmes, garantir l’égalité juridique réelle… autant de promesses qui attendent encore d’être tenues.

Car si un constat s’impose, c’est bien celui-ci : trente ans après Beijing, l’égalité est encore en suspens, suspendue entre avancées fragiles et reculs brutaux.

L’heure n’est plus aux bilans. Elle est à l’action.

A.D


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