Le malaise est profond au sein du M5-RFP depuis la nomination de l’actuel Premier ministre du gouvernement de transition au Mali. Analyse.
Officiellement mis en place le 5 juin 2020 par des opposants au défunt régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) avait su maintenir l’union en son sein. Cela même après le départ d’un nombre important de ses figures emblématiques et fervents porte-parole. Certains de ses membres, notamment Issa Kaou Djim, avait même prononcé son oraison funèbre, en septembre 2020, mais le mouvement a pu continuer de demeurer uni.
Depuis la nomination de son porte-parole et membre de son comité stratégique, Choguel Kokalla Maiga, le 7 juin 2021, au poste de Premier ministre, le mouvement hétéroclite est confronté à de nombreuses contestations internes. Cette malaise se ressent à travers notamment leur communiqué du 9 avril 2022 portant suspension de certains membres du comité stratégique/M5RFP. Aussi faut-il noter les piques récurrents entre les militants du mouvement par médias interposés.
Orphelinat politique
Pourtant, depuis son baptême, la force de ce mouvement contestateur, qui assurait quasiment le rôle d’opposition, a été la diversité qu’il avait entretenue en son sein. A cette époque, l’opposition malienne était orpheline de son chef de fil, feu Soumaïla Cissé, qui était alors maintenu en captivité.
Au-delà de tous ces signes indicateurs, il convient également de souligner la virulence de certaines interventions lors du passage du Premier ministre devant les membres du Conseil national de transition (CNT), le 21 avril dernier, au Centre international de conférence de Bamako (CICB). C’est un autre signe annonciateur de ce qu’est devenu ce mouvement.
Ce rapport de force interne, qui menace la survie du M5, tend aujourd’hui en faveur du Premier ministre au détriment de ses protagonistes et alliés. Mais, pour combien de temps ? A l’allure dont vont les choses, il est évident que l’actuel Premier ministre a intérêt à ne pas se désolidariser de sa base politique. Autrement, il risque de se retrouver dans une sorte d’orphelinat politique, s’il n’y est déjà.
Saisir l’Aïd el-fitr
Car, si l’accent n’est pas mis sur les enjeux de l’heure dans le sens d’apaiser les hostilités internes et les querelles de personne, la fin du ramadan pourrait être fatale pour ce mouvement. Néanmoins, l’Aïd el-fitr étant un moment de pardon, de réconciliation, les membres peuvent le saisir pour resserrer leurs rangs.
Aucune personnalité au sein du M5 n’a intérêt aujourd’hui à faire cavalier seul. Ceux qui l’ont tenté ont plus ou moins perdu leur influence au sein de l’opinion publique. Le retrait politique (de fait) de l’iman de Badalabougou, Mahmoud Dicko, autrefois personnalité incontournable et autorité morale du mouvement hétéroclite, en est un exemple, sans parler du cas d’Issa Kaou Djim.
Au regard de tout ce que l’on assiste, le M5-RFP est condamné à entretenir son hétéroclisme ou mourir de sa belle mort comme déjà annoncé par certains.
Mikaïlou Cissé
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