Au Mali, le rêve de richesse se heurte souvent à la dure réalité. Le 8 juin, ce rêve s’est transformé en cauchemar pour une vingtaine de jeunes orpailleurs sur le site de Faranida, dans la région de Bougouni. Ce drame rappelle cruellement que, dans ce coin du sud malien, l’espoir de trouver quelques grammes d’or est trop souvent payé au prix fort.
Les mines artisanales d’or, véritables gouffres d’insécurité, sont le théâtre régulier de tragédies. À Faranida, le tunnel où s’étaient aventurés les jeunes mineurs s’est effondré, ensevelissant 21 d’entre eux sous les décombres. Le site, situé à Kalako dans la commune de Kalana, est pourtant voisin d’une mine exploitée par la multinationale canadienne Endeavour. Mais ici, point de casques de sécurité ou d’équipements sophistiqués. Juste des jeunes, des adolescents parfois, qui creusent avec une détermination aveugle.
Des tunnels de fortune
Les victimes de cette tragédie étaient pour la plupart des jeunes, âgés d’une quinzaine à une vingtaine d’années. Leurs nationalités reflètent la diversité de l’orpaillage artisanal au Mali : Maliens, Burkinabè, Guinéens, Ivoiriens, tous unis par la même quête désespérée de survie.
Les informations de la Fédération nationale des orpailleurs du Mali (Fenom) sont claires : les éboulements de ce type sont monnaie courante. Mais pourquoi, malgré le danger omniprésent, ces jeunes continuent-ils de risquer leur vie dans ces tunnels de fortune ? La réponse est simple et tragique : parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. Dans un contexte de pauvreté endémique et de chômage galopant, l’orpaillage artisanal est souvent l’unique moyen de subvenir aux besoins de leur famille.
Travailler dans ces conditions, c’est faire face à une multitude de dangers : éboulements, insalubrité, maladies, conflits pour l’or. Les orpailleurs savent qu’un simple faux pas, un mauvais coup de pelle, peut être fatal. Pourtant, chaque matin, ils retournent sous terre, l’espoir chevillé au corps.
Un avenir englouti sous des tonnes de terre
Les autorités maliennes, conscientes de ces drames récurrents, peinent à trouver des solutions durables. La régulation et la sécurisation des sites d’orpaillage artisanal demeurent un défi colossal. Les investissements étrangers dans les mines industrielles contrastent cruellement avec l’abandon des sites artisanaux, où les conditions de travail frisent l’esclavage moderne.
Faranida n’est pas un cas isolé. C’est le reflet d’un problème plus vaste, plus profond, celui d’une jeunesse sacrifiée sur l’autel de la survie. Ces jeunes ne cherchent pas la fortune, ils cherchent à vivre. À manger. À envoyer leurs frères et sœurs à l’école. Ils rêvent d’un avenir meilleur, mais trop souvent, cet avenir est englouti sous des tonnes de terre.
Chaque éboulement est une claque au visage de l’humanité, un rappel brutal de l’injustice sociale. Ce n’est pas seulement de l’or que ces jeunes cherchent, mais une dignité, un respect, un espoir de jours meilleurs. À chaque corps extrait des décombres, c’est une vie de rêves brisés, de familles endeuillées, de communautés en larmes.
Appel aux autorités et à la communauté internationale
Il est temps que les autorités et la communauté internationale se penchent sérieusement sur cette situation. La vie de ces jeunes vaut plus que quelques grammes d’or. Il est urgent de mettre en place des mesures de protection, de régulation, de soutien aux orpailleurs artisanaux. Il faut transformer cette quête désespérée en une activité sécurisée, respectueuse des droits humains.
En attendant, à Faranida, les pioches se sont tues. Le silence règne, lourd et accablant. Les familles pleurent leurs morts, les camarades se serrent les coudes, la terre cache encore ses secrets d’or et de mort. Et quelque part, dans ce silence, résonne un appel à la justice, à l’humanité, à la dignité. Car au fond de ces tunnels, ce sont des vies, des espoirs, des rêves que nous devons sauver.
Oumarou Fomba
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