Par la plume, le silence et la poudre, l’armée malienne vient de signer l’un de ses coups les plus marquants depuis le début de la guerre asymétrique dans le Nord. À Tinfadimata, dans le vaste théâtre poussiéreux de la zone dite des trois frontières, un nom s’est tu. Celui de Souleymane Ag Bakawa, dit « Soldat ».
Chef redouté de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), ce visage de la terreur dans le cercle de Ménaka, spécialiste des enlèvements ciblés et des assassinats de soldats comme de civils, ne fera plus parler les armes. Neutralisé, selon la formule consacrée, lors d’une opération chirurgicale des FAMa – Forces armées maliennes — ce 21 juillet 2025, il rejoint la longue liste des ombres traquées dans les dunes.
Une élimination décisive, pas tant par son ampleur que par ce qu’elle signifie : la montée en puissance d’une armée qui n’a plus rien à envier aux standards d’efficacité imposés par d’autres puissances, jadis tutélaires. Une opération planifiée, exécutée avec minutie, sans tambours, mais avec méthode. Preuve que les FAMa, aujourd’hui plus que jamais, tiennent le front, seuls. Et tiennent parole.
Une guerre sans relâche, un peuple debout
Sur les hauteurs militaires du pays, on sait que ce genre d’annonce n’est pas anodine. Elle ne se limite pas à un nom rayé d’une liste. Elle parle à la mémoire collective d’un peuple qui en a trop vu. Souleymane Ag Bakawa, c’est un passé douloureux de villages incendiés, d’enfants arrachés, de convois décimés. Son nom, murmuré dans les hameaux de l’Azawad, faisait frissonner les plus aguerris.
Aujourd’hui, c’est une page qui se tourne. Avec sobriété, mais détermination, l’État-major général des armées a choisi de porter la nouvelle à l’opinion nationale et internationale. Non pour se glorifier, mais pour rappeler que la guerre contre le terrorisme se joue désormais avec des règles maliennes, une cadence malienne, et des moyens… maliens.
Des FAMa plus que jamais en première ligne
Le Mali n’est plus l’arrière-cour des interventions sous-traitées. À travers cette opération de Tinfadimata, les FAMa démontrent un professionnalisme acquis dans la douleur, fruit d’une réforme militaire appuyée par une volonté politique affirmée : celle du président de la Transition, le général Assimi Goïta, pour qui chaque action de terrain répond à un impératif stratégique : sécurité, souveraineté, stabilité.
En neutralisant l’un des visages les plus visibles de la nébuleuse jihadiste au Sahel, l’armée malienne vient également adresser un signal aux autres groupes encore actifs dans la région : les temps de l’impunité sont révolus.
Un appel à la vigilance et à la confiance
Mais au-delà de l’exploit tactique, c’est l’appel du cœur malien que relaie l’armée. Celui d’un peuple fatigué des deuils, mais fidèle à ses résistances. Celui d’une nation meurtrie, mais jamais soumise. L’État-major salue cette résilience, cette dignité qui, malgré l’insécurité, continue de faire école sur les marchés, dans les campagnes, dans les casernes.
Le combat n’est pas terminé. Il ne l’est jamais vraiment dans ces guerres diffuses où l’ennemi se fond dans le désert. Mais à chaque nom effacé, à chaque opération réussie, le Mali réécrit sa géographie de la peur, centimètre par centimètre, dune après dune. Et c’est tout un récit national qui se reconstruit — avec du feu, mais aussi avec de l’espoir.
A.D
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