Home A la Une SOMAGEP : L’eau fuit, l’argent aussi

SOMAGEP : L’eau fuit, l’argent aussi

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Entre détournements massifs et gestion opaque, la SOMAGEP transforme l’or bleu en gouffre financier, tandis que les Maliens, eux, restent assoiffés.

Le Mali n’a peut-être pas de pétrole, mais il possède une ressource encore plus précieuse : l’eau. Un or bleu qui, dans un pays où chaque goutte compte, devrait être géré avec rigueur et transparence. Pourtant, à en croire le dernier rapport du Bureau du Vérificateur Général (BVG), la SOMAGEP, censée garantir l’accès à cette ressource vitale, a surtout excellé dans l’arrosage de réseaux parallèles. Pendant que les robinets restent à sec, les caisses de l’entreprise se sont vidées à grande vitesse, entre malversations, détournements et gestions opaques.

Un gouffre financier digne du Sahara

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2021 et 2024, la SOMAGEP a encaissé 108,2 milliards de FCFA, mais a dépensé 144,4 milliards. Un trou de 36 milliards de FCFA qui semble s’être évaporé quelque part entre Bamako et les comptes bien gardés de certains dirigeants.

Quelques fuites, parmi tant d’autres :

• 1,7 milliard de FCFA de malversations pures et simples.

• 553 millions de FCFA de droits de timbre non reversés à l’État, comme si la fiscalité était une option.

• 76 millions de FCFA de TVA oubliés en chemin, probablement dans des circuits parallèles plus lucratifs.

• 600 millions de FCFA de pénalités de retard non appliquées sur 66 marchés, preuve que les contrats publics servent souvent plus les prestataires que l’État.

Et ce n’est pas tout. Au fil des pages du rapport, c’est un véritable pillage organisé qui se dessine, où l’absence de contrôle a laissé place à un festin financier sur le dos d’un bien public essentiel.

Un État complice ou un État aveugle ?

Le plus grand scandale n’est peut-être pas tant la mauvaise gestion de la SOMAGEP que le rôle trouble de l’État lui-même. Le Premier ministre en personne a signé une convention illégale, autorisant la société à réaliser des investissements qui ne relèvent pas de son mandat. Résultat : la frontière entre exploitation, gestion et patrimoine public a été totalement brouillée, ouvrant la porte à toutes les dérives.

Qui pilote quoi ? Qui contrôle qui ? Pendant que l’administration s’embourbe dans ses propres contradictions, des quartiers entiers de Bamako continuent de manquer d’eau.

Un scandale de plus… et après ?

Comme toujours, le BVG émet des recommandations :

1. Annuler la convention illégale signée par le Premier ministre.

2. Appliquer les sanctions financières et obliger la SOMAGEP à rendre des comptes.

3. Revoir les procédures de passation des marchés pour éviter de nouveaux détournements.

Des mesures nécessaires, mais qui sonnent comme un écho lointain d’affaires précédentes, enterrées sans suite. Car au Mali, les rapports du BVG s’empilent souvent plus vite que la justice ne réagit.

Pendant ce temps, les Maliens, eux, attendent toujours une eau potable qui coule avec la même générosité que l’argent public gaspillé.

À.D


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