Dans l’odéon brûlant de la politique sénégalaise, une scène de drame constitutionnel se joue, les protagonistes sont le Conseil constitutionnel et le pouvoir en place. Le décor est planté : le Conseil constitutionnel a rejeté, le 15 février dernier, le report de l’élection présidentielle prévue initialement pour le 25 février, et avec elle, la prolongation du mandat du président Macky Sall au-delà de son terme constitutionnel.
La décision cinglante du Conseil constitutionnel est comme un coup de tonnerre dans un ciel chargé d’incertitudes. C’est un camouflet pour le pouvoir sénégalais, plongeant le pays dans une mer d’interrogations. Saisi par plusieurs membres de l’opposition et une dizaine de candidats présidentiels, le Conseil constitutionnel a jugé que le report de l’élection et le maintien de Macky Sall au pouvoir étaient contraires à la Constitution.
Cette décision, quoique équilibrée par l’abrogation du décret présidentiel modifiant le calendrier électoral, laisse le pays dans un vide temporel politique. Elle ne fixe pas de nouvelle date pour le scrutin, se bornant à constater l’impossibilité d’organiser l’élection présidentielle à la date initialement prévue du 25 février, et « invite les autorités compétentes à la tenir dans les meilleurs délais ».
La crédibilité du Conseil constitutionnel est mise en doute
La tension politique est palpable depuis l’annonce, début février, du report de l’élection présidentielle. Une décision qui a secoué le pays où les élections présidentielles ont toujours été respectées depuis l’indépendance. Le Conseil constitutionnel, alors attendu au tournant, a pris position, se déclarant compétent pour juger de la légalité des textes, en dépit des réticences du pouvoir.
Cependant, cette décision intervient dans un contexte où la crédibilité du Conseil constitutionnel est mise en doute. Des accusations de corruption ont éclaboussé deux de ses membres, soulevant des questions sur son impartialité. Mais pour certains observateurs, c’est une chance pour le pays de réaffirmer l’indépendance de sa justice.
La balle est désormais dans le camp du président Macky Sall. Alors que les médiations s’activent pour trouver une issue à cette crise politique, la libération de certains détenus politiques est perçue comme un premier pas vers l’apaisement. Mais l’avenir politique du Sénégal reste incertain, et tous les regards se tournent une fois de plus vers Macky Sall, en attente de ses prochains mouvements dans cette partie d’échecs politique serrée.
Oumarou Fomba
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