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Salif Sacko, enseignant-chercheur : « Le conflit est une négation des droits de l’homme »

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Le Mali traverse une période d’instabilité et de conflit depuis le coup d’État militaire de 2012 et l’occupation du nord par des groupes armés. La population continue d’être victimes « d’exactions et de préjudices », malgré la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Ager, en 2015.

Salif Sacko, enseignant-chercheur, consultant et président du collectif pour la promotion de l’état de droit, répond en exclusivité aux questions de Sahel Tribune, sur la situation des droits de l’homme au Mali.

Sahel Tribune : à quand remonte la notion des droits de l’homme au Mali ?

Salif Sacko : elle remonte à l’année des indépendances. Les exquises de droit de l’homme sont nées sous la première Constitution de la République du Mali. À partir de 1992, avec la constitution de la 3e république, nous avons pu constater la consécration juridique des droits de l’homme à travers le premier Titre de la Loi fondamentale intitulée « Droit et devoir de la personne humaine », qui garantit les droits de l’homme au Mali.

De nos jours, quelle est la situation de ces droits dans notre pays ?

La situation des droits de l’homme dans notre pays est alarmante et délétère depuis plus de 10 ans. En 2012, nous avons connu un conflit armé. Une guerre qui, au départ, ne concernait que le nord du pays, mais qui a vite embrasé le centre et le sud.

Cette insécurité grandissante remet considérablement en cause les droits de l’homme au Mali. Les droits fondamentaux, notamment les droits à la sécurité, à la vie, à la dignité, à l’éducation, sont bafouillés.

En période de conflit, comment parler de respect des droits de l’homme ?

C’est difficile d’en parler. Le conflit est une négation des droits de l’homme. En temps de conflit, la violation des droits de l’homme est très fréquente, car les personnes civiles sont massacrées, elles sont violées, torturées, leur dignité est bafouillée. Elles sont également privées de leur liberté de manière abusive. Les militaires aussi sont généralement victimes de violation des droits de l’homme en temps de conflit.

Quelles sont les formes de violations des droits humains que nous rencontrons généralement au Mali ?

L’insécurité en elle-même constitue une violation des droits de l’homme. Il faut ajouter à cela, les massacres, le viol, des privations abusives de liberté.

Au Mali, peut-on dire que le droit est garanti pour toutes les couches socio-professionnelles ?

Non. Aujourd’hui, nous ne pouvions pas affirmer cela. Certaines couches socio-professionnelles font objet de violation de leur droit fondamental. Je prends exemple sur la liberté d’expression au Mali. Il est très difficile de tenir certains propos à l’endroit de nos autorités sans s’attirer certains mauvais regards.

Au niveau des médias, certaines chaînes de télévision ont récemment été fermées sans véritable motif. Tous ceux-ci prouvent que les droits de l’homme ne sont pas garantis pour toutes les couches socio-professionnelles.  

En quoi la mise à mort des voleurs est-elle une violation des droits humains ?

Naturellement, cela constitue une violation des droits de l’homme. Car nul ne doit se rendre justice soi-même. De ce point de vue, mettre à mort un voleur constitue une violation flagrante des droits de l’homme.

Un voleur est avant tout un être humain et les droits de l’homme ont pour objectif de protéger toutes les catégories de personne, qu’il soit voleur ou pas.

Lorsqu’un voleur vole, il doit être mis à la disposition de la justice qui va le juger et condamner, en fonction de ces actes. Tué un voleur n’est donc pas une alternative et constitue une violation flagrante des droits de l’homme.

À quoi faut-il s’attendre en cas de non-respect des droits de l’homme ?

Bien évidemment, l’individu s’expose à des sanctions. C’est ce qui fait la beauté des droits de l’homme. Ils sont garantis constitutionnellement et sur le plan international.

Il convient de noter surtout que le non-respect des droits de l’homme peut entrainer aussi un manque de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Les gouvernants doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour que les citoyens puissent être en sécurité, recouvrer les droit fondamentaux.

Propos recueillis par Hawa Diaby


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