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Relecture de la Charte des partis politiques : plus d’une centaine de formations annoncent leur refus de participer aux consultations nationales

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Une large coalition de partis politiques maliens a annoncé, le mardi 15 avril 2025, son refus de prendre part aux consultations nationales prévues les 16 et 17 avril autour de la relecture de la loi portant Charte des partis politiques. Réunis à la Maison de la presse sous la bannière de l’Initiative des partis politiques pour la Charte des partis, ces formations politiques justifient leur décision par des réserves sur la méthode retenue par le gouvernement, tout en appelant à un dialogue direct.

Cette décision a été officiellement communiquée à travers un point de presse organisé dans la matinée, à l’issue d’une rencontre interpartis tenue deux jours plus tôt, le 13 avril. Lors de cette rencontre, plus d’une centaine de formations politiques – représentant, selon les organisateurs, une majorité significative du paysage politique malien ont exprimé leur désapprobation face à ce qu’ils qualifient d’« incohérences procédurales » dans l’approche gouvernementale.

Une initiative gouvernementale saluée mais contestée dans sa mise en œuvre

Les partis rappellent qu’ils ont été sollicités dès décembre 2024 par le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Soutien au processus électoral, pour soumettre leurs propositions concernant la relecture de la Charte. À cette demande, ils affirment avoir répondu de manière coordonnée, en transmettant un document intitulé « Propositions consensuelles sur la relecture de la Loi n°05-047 portant Charte des partis politiques ».

Les propositions avancées reprennent notamment plusieurs résolutions issues des Assises nationales de la Refondation (ANR), parmi lesquelles la réduction du nombre de partis par l’imposition de critères plus stricts, la reconnaissance du rôle de Chef de file de l’Opposition, ainsi que la lutte contre le nomadisme politique. Pour ces formations, le respect de ces recommandations, déjà validées dans le cadre des ANR, aurait dû suffire à orienter la suite du processus.

Une consultation jugée redondante et injustifiée

Les partis politiques disent avoir été surpris par l’annonce d’une nouvelle consultation nationale sur le sujet, estimant que celle-ci n’apporterait pas de valeur ajoutée au processus. Ils questionnent la pertinence d’un tel exercice, à leurs yeux coûteux et juridiquement discutable, dans la mesure où les résolutions des ANR constituent déjà une base légitime et consensuelle.

Trois interrogations majeures sont soulevées : pourquoi lancer une consultation élargie alors qu’un processus spécifique impliquant directement les partis a déjà été engagé ? Pourquoi interroger à nouveau les Forces vives de la Nation sur un sujet sur lequel elles se sont déjà exprimées ? Et enfin, quelle est la légitimité de ces nouvelles consultations, inférieure selon eux à celle des ANR ?

« Il serait curieux, voire illogique, de re-consulter sur des résolutions déjà tranchées », a déclaré un représentant lors du point de presse. Les partis estiment que les finances publiques ne doivent pas être engagées dans des démarches parallèles, alors que les priorités nationales demeurent nombreuses et urgentes.

Un appel au dialogue et au respect des textes en vigueur

Au-delà de la critique de la méthode, les partis politiques réaffirment leur engagement pour un dialogue responsable et respectueux de l’ordre constitutionnel. Ils rappellent que le multipartisme est protégé par la Constitution de 2023, notamment à travers son article 185, qui classe ce principe parmi ceux non révisables. L’article 39 de la même Constitution garantit par ailleurs la liberté de création et de fonctionnement des partis dans le cadre des lois de la République.

Face à des rumeurs de suspension ou de dissolution éventuelle des partis politiques sur le modèle de ce qui a été observé récemment au Burkina Faso et au Niger, pays également membres de la Confédération AES, les partis signataires ont tenu à marquer leur différence : « Le Mali, à la différence de ces États frères, dispose d’une Constitution en vigueur, qui doit être respectée par tous. »

Des intentions pacifiques affichées

Les partis politiques se disent favorables à toute réforme visant à assainir le champ politique, à condition qu’elle se fasse dans le respect des institutions, des textes législatifs et des principes démocratiques. Ils affirment ne pas être dans une logique de confrontation, mais dans celle de la recherche de cohésion et d’inclusivité.

Ils ont, à cet effet, demandé au Premier ministre de bien vouloir reporter les consultations annoncées et d’ouvrir, sans délai, un cadre de concertation formel avec les partis politiques sur la relecture de la Charte.

Ainsi, les membres de coalition ont réitéré leur attachement à la paix, à la stabilité et à la réussite de la Transition, tout en soulignant que celle-ci ne saurait se faire sans une implication réelle et concertée des acteurs politiques. L’avenir du cadre juridique des partis politiques maliens semble donc suspendu à la capacité des différentes parties à renouer le fil du dialogue.

Ibrahim Kalifa Djitteye 

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