Dans un Mali traversé par les crises, mais avide de justice sociale, la CANAM a choisi d’aller au-devant des citoyens pour expliquer et défendre le Régime d’Assurance Maladie universelle (RAMU). Du 10 au 28 août, de Koulikoro à Gao, une campagne nationale de sensibilisation a fait de cette réforme plus qu’un dispositif technique : un projet collectif, un acte de souveraineté, une promesse de dignité.
Il est des réformes qui se déclinent en acronymes technocratiques, fades et sans chair. Et puis il y a celles qui s’incarnent dans des visages, des routes sillonnées, des débats animés dans des salles communales. Le Régime d’Assurance Maladie universelle (RAMU), que porte aujourd’hui la Caisse nationale d’assurance maladie (CANAM), appartient à cette seconde catégorie : une réforme qui descend de l’estrade des lois pour entrer dans le quotidien des Maliens.
Entre le 10 et le 28 août, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti et Gao ont vu passer une délégation pas comme les autres : juristes, communicateurs, syndicalistes, techniciens. Leur mission ? Expliquer, convaincre, répondre aux doutes et, surtout, rallier. Car le RAMU, pour réussir, doit d’abord être compris et accepté.
Leçons d’un passé à dépasser
L’Assurance Maladie obligatoire (AMO) avait posé les premières pierres, mais mal assises : couverture limitée, gestion contestée, soupçons de fraude. Avec le RAMU, la CANAM veut tourner la page des approximations pour bâtir un système robuste. Transparence, lutte contre la fraude, clarté institutionnelle. Voilà les maîtres-mots martelés lors des ateliers. Ici, il ne s’agit plus d’un dispositif bricolé, mais d’une véritable architecture sociale.
C’est à Gao, ville meurtrie par l’insécurité, que la campagne a trouvé son écho le plus fort. « Cet atelier est un souffle d’espoir », a déclaré le préfet Amadou Ouologuem. La santé devient plus qu’un droit. Elle est un acte de résilience nationale. Dire à une population qui survit sous la menace que l’État reste capable de protéger, c’est une victoire politique autant que sociale.
Une pédagogie de proximité
La méthode choisie par la CANAM est révélatrice : pas de communication verticale, mais un dialogue citoyen. Dans chaque région, près d’une centaine d’acteurs — élus locaux, syndicats, associations, services déconcentrés — ont confronté leurs expériences et proposé des pistes d’amélioration. Résultat : le RAMU s’annonce moins comme une réforme imposée d’en haut que comme une cause collective, partagée par ceux-là mêmes qui en seront les premiers bénéficiaires.
Le RAMU n’est pas qu’un projet sanitaire. Il est un contrat social : chacun contribue, chacun bénéficie. Il est aussi une affirmation de souveraineté : dans un Mali souvent sommé de mendier des programmes importés, voici une initiative conçue, expliquée et portée par des Maliens, pour des Maliens. À travers la CANAM, l’État démontre que la santé n’est pas une faveur, mais un droit inaliénable.
Le visage d’un Mali solidaire
La route reste longue, semée de défis logistiques et budgétaires. Mais une dynamique est enclenchée. Car derrière l’acronyme RAMU, il y a la promesse d’un Mali où la solidarité cesse d’être un slogan pour devenir une réalité vécue, dans les centres de santé, les villages et les familles.
Le RAMU, comme porté aujourd’hui par la CANAM, n’est pas seulement une réforme. C’est une ambition, un pari, presque une profession de foi. Celle d’un Mali qui refuse la fatalité et qui choisit, malgré les épreuves, de bâtir son avenir sur la justice sociale et la dignité humaine.
Chiencoro Diarra
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.