Home A la Une Orpaillage artisanal au Mali : un défi sécuritaire sous-estimé ?

Orpaillage artisanal au Mali : un défi sécuritaire sous-estimé ?

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Les récents éboulements mortels dans les mines artisanales de Daban et de Dabia, au Mali, soulèvent de vives inquiétudes sur la sécurité de ces sites artisanaux. Ces drames touchent principalement des populations vulnérables. Une situation qui appelle à des mesures urgentes et à un contrôle renforcé.

Quelques semaines après la mort d’une dizaine de personnes dans la mine artisanale de Daban, située dans la zone de Kangaba (région de Koulikoro), le 29 janvier 2025, un nouveau drame vient de frapper une dizaine d’autres orpailleurs, majoritairement des femmes, dans la commune de Dabia, cercle de Kéniéba (région de Kayes), à la suite de l’éboulement d’une mine artisanale. Le gouvernement semble avoir reçu des instructions fermes pour éviter que ces drames se répètent indéfiniement.

Des accidents délibérément orchestrés

Ces tragédies successives interrogent de plus en plus sur la sécurité dans les sites d’orpaillage illégal. Les autorités doivent pourtant accentuer davantage la surveillance de ces sites artisanaux qui exploitent les richesses de l’État sans que celui-ci profite véritablement des retombées. En effet, parmi les grands chantiers ouverts par les autorités de la transition figure la réforme du secteur minier, qui a conduit à l’adoption d’un nouveau Code minier et de son contenu local, augmentant ainsi les revenus de l’État et des communautés. Cette réforme a engendré un véritable bras de fer avec les sociétés minières étrangères évoluant dans le pays, désormais appelées à se conformer au nouveau Code minier.

Dans cette dynamique de réformes, les sites d’orpaillage artisanaux semblent être les grands oubliés. Pourtant, ces zones sont susceptibles de devenir des foyers d’insécurité. Selon certains rapports, des groupes terroristes y opèrent régulièrement : ils y achètent ou vendent de l’or, se procurent du carburant, etc. En d’autres termes, les sites d’orpaillage artisanaux figurent parmi les sources potentielles de financement du terrorisme.

Ces éboulements amènent à s’interroger sur les dessous de ces tragédies récurrentes. Ces accidents pourraient-ils être délibérément orchestrés pour détourner l’attention des autorités compétentes de certaines pratiques illicites sur ces sites ? D’où la nécessité d’ouvrir des enquêtes approfondies pour en identifier les causes réelles et prendre les mesures qui s’imposent.

Source de financement du terrorisme 

Le rapport 2013 du GAFI, intitulé « Financement du terrorisme en Afrique de l’Ouest », met en lumière des éléments inquiétants :

« Le phénomène [terrorisme] est soutenu par plusieurs facteurs, y compris l’existence de vastes économies informelles basées sur les espèces, l’instabilité politique, la violence ethnique et communautaire, la corruption endémique, la pauvreté galopante, le taux élevé de chômage et le sous-emploi. Encore plus important, des groupes terroristes et leurs financiers tirent des fonds à la fois d’activités licites et illicites et les déplacent à travers des canaux formels et informels pour soutenir leurs activités. »

En 2019, Crisis Group alertait déjà sur ce phénomène :

« Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, le boom aurifère représente une nouvelle source de financement, voire un terrain de recrutement pour divers groupes armés, y compris jihadistes. Les États sahéliens devraient rétablir leur présence aux abords des mines d’or et mieux formaliser l’exploitation aurifère artisanale. »

Le Courrier international, dans une analyse de 2023, évoquait également ce danger :

« La production aurifère, en constante augmentation dans les pays du Sahel, aiguise l’appétit des groupes terroristes, qui y trouvent une source de financement et un moyen de recruter parmi les populations civiles. »

Ces éboulements pourraient donc, au-delà de leur caractère accidentel, être liés à des actes terroristes isolés. Quelles qu’en soient les causes, ces drames méritent d’être pris très au sérieux et doivent inciter les autorités à redoubler de vigilance sur ces sites sensibles.

A.D


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