Home A la Une OIF : l’AES claque la porte

OIF : l’AES claque la porte

0 comments 113 views

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger tournent la page de l’OIF, dénonçant une organisation jugée inféodée à des intérêts étrangers et inapte à accompagner leurs transitions souveraines.

Le glas a sonné. Après plus d’un demi-siècle d’histoire commune, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont décidé de claquer la porte de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Une rupture méthodique, annoncée par les chefs d’État de la Confédération des États du Sahel (AES) et motivée, disent-ils, par l’inaction et la posture partiale de l’organisation vis-à-vis des transitions politiques en cours.

L’affaire est emblématique. Car au-delà du simple retrait de trois États souverains, c’est toute une vision du rapport entre l’Afrique francophone et la France qui vacille. L’OIF, hier perçue comme un instrument d’influence culturelle et diplomatique, est aujourd’hui dénoncée comme une structure figée, incapable d’accompagner les aspirations nouvelles de ses membres.

De Niamey à la rupture, un long chemin vers l’émancipation

Il fut un temps où le Mali, le Burkina Faso et le Niger étaient aux avant-postes du projet francophone. Ces pays, qui ont activement participé à la création de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) en 1970, ont longtemps vu dans la Francophonie une tribune pour porter leur voix. Mais cette époque est révolue.

À l’heure où Bamako, Ouagadougou et Niamey revendiquent haut et fort leur souveraineté, l’OIF est perçue comme un vestige d’un ordre ancien, un instrument docile de la diplomatie parisienne. Pour les dirigeants de l’AES, l’organisation n’a pas su s’adapter aux mutations politiques et géopolitiques en cours. Pire, elle a adopté une posture hostile, appliquant avec zèle des sanctions dictées par certaines chancelleries occidentales.

Francophonie, un label en déclin ?

Le retrait des trois États sahéliens ne relève pas d’un simple geste symbolique. Il traduit une défiance grandissante envers une Francophonie qui peine à se réinventer. Officiellement, l’organisation se veut un espace de dialogue, de coopération et de promotion de la langue française. Mais dans les faits, elle est perçue comme un club fermé, où les intérêts des capitales occidentales priment sur ceux des nations africaines.

Cette rupture n’est d’ailleurs pas isolée. Depuis plusieurs années, l’OIF est confrontée à une crise d’attractivité. Son poids diplomatique s’effrite, ses initiatives peinent à convaincre, et plusieurs pays s’interrogent sur l’utilité d’une institution qui, selon eux, n’a pas su prendre le virage de la multipolarité.

L’AES trace sa propre voie

En se retirant de l’OIF, le Mali, le Burkina Faso et le Niger indiquent que l’heure est à la redéfinition des alliances. Ce départ s’inscrit dans une dynamique plus large de repositionnement stratégique, où les trois pays privilégient des partenariats jugés plus respectueux de leur souveraineté, notamment avec la Russie, la Turquie, la Chine et le monde arabe.

Loin d’être un coup de tête, cette décision marque une nouvelle étape dans l’émancipation des États sahéliens vis-à-vis des organisations héritées de la Françafrique. L’AES, née en réponse aux sanctions de la CEDEAO, entend construire son propre cadre de coopération, en s’appuyant sur des valeurs et des intérêts partagés entre ses membres.

Et maintenant ?

L’OIF sort affaiblie de cet épisode. Ce départ retentissant pose une question existentielle : quelle est encore la place de la Francophonie dans un monde où les rapports de force évoluent ? Son avenir dépendra de sa capacité à se réinventer, à s’affranchir des pesanteurs politiques et à proposer un projet attractif pour ses membres africains.

Mais pour l’AES, le chapitre est clos. L’ère de la dépendance culturelle et institutionnelle appartient au passé. Désormais, le Mali, le Burkina Faso et le Niger entendent écrire leur histoire en dehors des cadres dictés par les anciennes puissances tutélaires.

Un revers cinglant pour l’OIF. Une affirmation de souveraineté pour l’AES.

Chiencoro Diarra


En savoir plus sur Sahel Tribune

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Un petit commentaire nous motivera davantage

A propos

Sahel Tribune est un site indépendant d’informations, d’analyses et d’enquêtes sur les actualités brûlantes du Sahel. Il a été initialement créé en 2020, au Mali, sous le nom Phileingora…

derniers articles

Newsletter

© 2023 Sahel Tribune. Tous droits réservés. Design by Sanawa Corporate

En savoir plus sur Sahel Tribune

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture