L’utilisation des réseaux sociaux au Mali est devenue un phénomène qui s’amplifie. Ils sont utilisés pour diverses activités. Ces derniers temps, certains en font un usage qui jure avec la morale et les bonnes mœurs. Une situation qui ne pouvait plus durer. Ainsi, l’État a décidé de sévir.
« Si les réseaux sociaux n’avaient pas été créés, les Maliens l’auraient fait », me disait un jour, un doyen d’âge. Cette révolte d’un ancien témoigne du degré d’utilisation des réseaux sociaux à des fins qui sapent la morale et les bonnes mœurs d’un pays profondément ancré dans le respect dû au prochain et particulièrement aux aînés. Les différentes plateformes utilisées, au lieu d’être des outils d’éducation, de formation et de sensibilisation sur divers aspects de la vie sont devenues dans leur grande majorité des espaces d’insultes, d’injures, de règlements de comptes, voire d’exposition d’activités obscènes de tout genre. Et ceux qui s’adonnent à ces pratiques n’ont aucun scrupule. En témoigne le cas d’un administrateur de réseau de ce genre.
Un audio audacieux qui dépasse l’entendement
Le lundi 28 avril 2025, dans une émission matinale d’une radio privée de Bamako, l’on a pu entendre un audio d’une personne défendre l’activité qu’il fait sur sa plateforme. C’est un audio que ladite radio a pu se procurer sur les réseaux sociaux. Dans l’audio, il se dit s’appeler Ousmane Camara. Et qu’il est administrateur d’un réseau WhatsApp qui met en contact des femmes et des hommes. Il dit avoir été interpelé par un commissariat de police pour des interrogatoires. D’après lui, il n’a passé que quelques heures dans cette structure. Et qu’au finish, il lui a été dit que son activité n’a rien d’obscène et qu’elle est légale. Il va plus loin en mettant en garde ceux qui adhèrent dans son groupe et qui cherchent à lui causer des ennuis. Quelle indécence !
Certainement, c’est cette sortie d’Ousmane Camara, conjuguée à bien d’autres dérives sur ces plateformes ces derniers temps, qui a amené l’État à sortir de son silence, à travers un communiqué en date du 29 avril 2025, signé par Dr Adama Coulibaly, Procureur du pôle national de lutte contre la Cybercriminalité.
Que dit le communiqué ?
Dr Adama Coulibaly cite nommément les activités malsaines qui se font sur les réseaux sociaux que sont TikTok, WhatsApp, Instagram, Telegram, Snapchat, etc. Selon le magistrat, ces plateformes sont devenues « des lieux de vente de produits liés à l’intimité ou à la santé, mais aussi de véritables foyers de proxénétisme et d’incitation à la débauche. » En ce qui concerne les foyers de proxénétisme, il précise qu’« Il s’agit en l’espèce de groupes et de pages qui proposent leurs services en vue de mettre en relation des hommes et/ou des femmes. » » Et Dr Coulibaly d’ajouter que ces activités sont contraires aux bonnes mœurs et susceptibles de troubler l’ordre public.
Pour ce faire, il a rappelé qu’elles sont lourdement punies par l’article 512-53 et les articles 325-6, 325-8 du Code pénal. Autrement dit, les peines vont d’un à sept ans d’emprisonnement et d’une amende de 10 millions de FCFA. Ces peines sont aussi applicables aux personnes qui fabriquent ou détiennent tous imprimés, écrits, dessins, affiches, gravures, peintures, photographies, films ou clichés, matrices ou reproductions photographiques emblèmes, objets ou images contraires aux bonnes mœurs en vue d’en faire commerce distribution, location affichage ou exposition.
Des investigations et des arrestations sont en cours
Elles le sont, toujours selon le communiqué, pour toute personne qui importe ou fait importer, exporte ou fait exporter, transporte ou fait transporter sciemment ces objets aux mêmes fins ou les affiche, expose, ou projette aux regards du public. Sans oublier celles qui les vendent, louent, mettent en vente ou en location, même non publiquement. Le magistrat poursuivant conclut son communiqué en annonçant que des investigations et des arrestations sont en cours. Que la loi soit dite !
Espérons qu’avec cette annonce, les plateformes digitales seront débarrassées de contenus malsains qui influent négativement sur l’éducation des jeunes.
Sidi Modibo Coulibaly
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