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« Nous sommes tous des soldats » : « Le Sahel benkan », un hymne pour galvaniser

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Par un rituel solennel orchestré depuis le palais de Koulouba, la Confédération des États du Sahel (AES) a franchi, ce 9 juin 2025, un pas décisif dans sa mue institutionnelle. Après le drapeau et la devise, place à l’hymne : « Le Sahel benkan», entonnée simultanément à Bamako, Ouagadougou et Niamey. Une première dans l’histoire d’une union politique que ses concepteurs veulent irréversible.

Koulouba, 6 h 30 précises. Les premiers accords résonnent, graves et profonds, portés par les cuivres de la fanfare militaire. Au garde-à-vous, le président de la Transition malienne, le général Assimi Goïta, endosse cette fois ses habits de président de la Confédération des États du Sahel (AES). Ce lundi 9 juin, il n’est pas seulement chef d’État ; il est la figure tutélaire d’un projet géopolitique en construction, dont le socle est moins le droit que le symbole.

Aux côtés du général, le gratin politico-militaire : conseillers spéciaux, ministres, diplomates, hauts gradés. Et dans l’air, un air nouveau, celui de « Le Sahel benkan », l’hymne tout juste dévoilé. Composée sur une trame sahélienne et ciselée de mots d’ordre identitaires, cette mélodie n’est pas anodine. Elle dit l’unité. Elle proclame la résistance. Elle affirme le destin partagé.

Le triptyque identitaire

« Un espace, Un Peuple, Un Destin » : la devise est connue. Depuis le 3 mars 2025, où les drapeaux de l’AES ont été hissés sous l’œil complice des chefs d’État des trois pays, le projet a pris corps. Le vert de l’espérance comme bannière. Le baobab comme emblème. Le soleil levant comme promesse. Et désormais, un hymne, « Le Sahel benkan », pour galvaniser les troupes et, surtout, les esprits.

« Cet hymne n’est pas un simple assemblage de notes. Il est porteur de sens, de message, de fierté », a commenté le Premier ministre malien, Abdoulaye Maïga, au sortir de la cérémonie. Plus qu’un chant, « Le Sahel benkan » est, selon lui, une déclaration de guerre à la résignation, une exhortation à la mobilisation, une injonction collective à bâtir un avenir souverain.

Une exécution en simultané

Détail significatif : l’hymne a été exécuté, au même instant, dans les trois capitales de la Confédération. À Ouagadougou, comme à Niamey, les notes ont jailli dans les enceintes officielles, scellant symboliquement une synchronisation politique qui tranche avec les dissonances de la CEDEAO, ou les inerties passées du G5 Sahel. « L’AES est une entité de nature étatique », répète le Premier ministre. Une entité à part entière, avec ses codes, ses rites, sa liturgie.

Ce que les juristes n’ont pas encore formalisé, les cérémonies le consacrent. Et dans cette logique d’affirmation, chaque geste compte. Le drapeau a été dévoilé. La devise proclamée. L’hymne, maintenant, retentit. Et bientôt, promet-on à Bamako, il fera partie du programme éducatif national. On l’apprendra sur les bancs d’école. On le chantera aux levées de couleurs. On l’entendra dans les stades. L’objectif est clair : faire de l’AES une conscience collective, au-delà des frontières coloniales.

L’union par les armes et les idées

Militairement, l’AES n’est pas une coquille vide. Une force unifiée existe déjà, fruit d’une coopération intense entre états-majors burkinabè, nigérien et malien. Elle agit, frappe, sécurise. Mais cette alliance de combat devient aussi une alliance de valeurs. « Nous sommes tous des soldats », a résumé le chef du gouvernement malien. Soldats au front, mais aussi soldats du sens, soldats de l’identité, soldats d’une cause sahélienne à construire.

Ce patriotisme régional, Goïta en est l’architecte silencieux. Peu disert, mais stratège. Il façonne pas à pas ce que certains appellent déjà une « CEDEAO alternative ». Un espace de souveraineté défensive, économique et culturelle. Un projet de contre-pouvoir africain, affranchi des influences occidentales, tissé sur des liens de sang, de géographie et de défi commun.

Une vision en marche

« Le Sahel benkan » n’est pas qu’un hymne. Elle est la bande-son d’un nouveau récit. Celui d’États qui, en rejetant les cadres régionaux existants — CEDEAO, G5 Sahel — veulent écrire leur propre chapitre. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ne cherchent pas la rupture pour la rupture. Ils revendiquent la cohérence d’un projet enraciné, face aux turbulences du monde.

Reste la suite : économie intégrée, monnaie commune, institutions partagées ? L’AES n’en est encore qu’au préambule. Mais à en juger par le cérémonial millimétré de ce 9 juin, la marche est en cours. Et elle est portée, désormais, par une musique.

A.D


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