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Neuf ans après Alger : le Mali réinvente sa quête de paix à Bamako

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En mai 2024, Bamako devient le lieu d’une nouvelle ère de dialogue national avec l’ouverture de la phase finale du Dialogue Inter-Maliens au CICB, marquant un tournant historique neuf ans après l’Accord d’Alger de mai 2015. Cette initiative, dirigée par les autorités de transition du Mali, vise à redéfinir la paix et la réconciliation sur des bases purement maliennes, loin des influences extérieures qui ont marqué les tentatives précédentes.

Neuf ans après la signature de l’Accord d’Alger en mai 2015, une initiative visant à pacifier les tensions entre Bamako et les groupes armés du nord du Mali, le pays se retrouve à nouveau dans une phase cruciale de dialogue et de réconciliation. Le mois de mai semble être destiné à marquer les tournants historiques du Mali, puisque, en mai 2024, Bamako ouvre une nouvelle page avec l’ouverture de la phase finale du Dialogue Inter-Maliens au Centre International de Conférences de Bamako (CICB).

L’accord a échoué à atteindre ses objectifs

En 2015, l’Accord pour la paix, négocié à Alger, avait été signé dans l’espoir de mettre fin aux conflits persistants qui avaient commencé avec les rébellions touarègues de 2012, exacerbées par des aspirations à une meilleure intégration politique et économique des régions du nord. Malgré les bonnes intentions, cet accord n’a pas réussi à atteindre ses objectifs de façon durable, plongeant le Mali dans une instabilité continue. Les récentes déclarations des autorités de transition révèlent une rupture profonde avec cet accord, pointant du doigt les échecs de sa mise en œuvre et les manipulations externes qui ont souvent desservi les intérêts nationaux maliens.

La décision du gouvernement de transition de mettre fin à l’accord d’Alger, et de lancer un nouveau processus de dialogue national, traduit un désir de reprendre le contrôle sur les affaires internes et de s’affranchir des influences étrangères qui ont longtemps dicté la conduite des politiques maliennes. Le colonel Abdoulaye Maïga, ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du gouvernement, lors d’un discours télévisé, a justifié cette rupture par la transformation de certains groupes signataires en acteurs terroristes et par des actes d’hostilité venant d’Algérie, soulignant une volonté de renouveler entièrement la démarche de paix.

Le DIM, reflet des besoins et des aspirations du peuple malien 

Ce nouvel élan, porté par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, met en avant une approche résolument malienne de la résolution de conflits. Dans son discours d’ouverture, il a dépeint un tableau sombre des années de crises exacerbées par des politiques inefficaces et des interventions étrangères malavisées. En revanche, l’optimisme se dessine à travers l’initiative de dialogue actuelle, envisagée comme un véritable reflet des besoins et des aspirations du peuple malien, loin des influences et des agendas extérieurs.

Cette phase finale du dialogue, qui coïncide avec l’anniversaire de l’Accord d’Alger, est perçue non seulement comme un acte de souveraineté, mais aussi comme une réaffirmation de l’identité et de l’indépendance du Mali. Elle promet de modeler les futures politiques de sécurité, de développement économique et de cohésion sociale sur des principes qui sont intrinsèquement maliens, et non plus dictés par des compromis internationaux souvent éloignés de la réalité du terrain.

Le processus mené par le Comité de pilotage cherche à incorporer toutes les voix maliennes, depuis les villes du nord comme Kidal, récemment reprises par l’armée malienne, jusqu’aux autres capitales régionales et aux communautés en diaspora. C’est une démarche qui ambitionne de rétablir non seulement la paix, mais aussi la confiance entre les Maliens et leurs dirigeants, en forgeant un consensus national sur les fondements de la gouvernance et du développement futur du pays.

Les intérêts maliens plutôt que les compromis internationaux

Alors que le Mali se lance dans ce nouveau chapitre de son histoire, le mois de mai reste symbolique, marquant à la fois la fin d’un ancien accord et le début d’un nouvel espoir. Ce Dialogue Inter-Maliens pourrait bien être le point de départ vers une paix durable et authentiquement malienne, une paix construite sur les ruines d’un accord passé, mais avec une vision clairement tournée vers l’avenir. 

Le Dialogue Inter-Maliens incarne une étape cruciale pour le Mali, non seulement en termes de réconciliation nationale, mais aussi de reconstruction politique et sociale. Il est mené avec une clarté de vision qui était peut-être absente lors des négociations précédentes, se concentrant fermement sur les intérêts maliens plutôt que sur les compromis internationaux.

Ce nouveau dialogue, enraciné dans les principes de souveraineté, de respect des choix stratégiques et de défense des intérêts du peuple, offre une plateforme pour que tous les Maliens participent activement à la refonte de leur pays. C’est un processus qui transcende les divisions politiques et ethniques et cherche à établir une base solide pour la future prospérité du Mali, faisant de ce mois de mai non seulement un anniversaire de l’ancien accord, mais aussi le commencement d’une nouvelle ère de véritable autonomie et de progrès pour le Mali.

Oumarou Fomba 


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