Le Premier ministre nigérien, Ali Mahaman Lamine Zeine, a annoncé le samedi 11 mai à Niamey, la décision de maintenir la frontière avec le Bénin fermée pour des raisons de sécurité, malgré les appels du président béninois à rouvrir pour faciliter l’exportation du pétrole nigérien. Cette déclaration survient alors que des tensions persistantes entre les deux pays sont exacerbées par des accusations de bases militaires hostiles sur le territoire béninois.
Sous le ciel étoilé de Niamey, le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine défend avec ferveur la décision du Niger de garder sa frontière avec le Bénin fermée. Pour lui, c’est une question de sécurité nationale, une barrière nécessaire contre des menaces invisibles, mais palpables. Lors d’un point presse, il articule ses mots avec la précision d’un général en campagne, insistant sur la présence de « bases françaises » sur le sol béninois, où des terroristes seraient formés pour déstabiliser son pays. Un scénario digne d’un film d’espionnage, sauf que les conséquences sont bien réelles pour les habitants des deux nations.
Des bases militaires françaises impliquées dans des opérations néfastes
Le 8 mai, Patrice Talon, le président béninois, tend une main amicale vers Niamey, demandant la réouverture de la frontière pour normaliser les relations et surtout pour faciliter l’exportation du pétrole nigérien via le port de Sèmè Kpodji. Cette proposition semble tomber dans l’oreille d’un sourd, car le Premier ministre nigérien reste ferme sur ses positions, brandissant des menaces sécuritaires comme boucliers.
Dans ce tissu de tensions politiques, le Bénin a déjà fait un geste de bonne volonté en rouvrant sa frontière après la levée des sanctions économiques de la Cédéao, imposées suite au putsch qui a ébranlé le Niger le 26 juillet 2023. Pendant ce temps, le Niger garde ses portes closes, à l’exception de celle avec le Nigeria, accentuant le mystère autour des accusations portées contre le Bénin.
Ali Mahaman Lamine Zeine va jusqu’à utiliser une carte satellitaire pour pointer des zones au Bénin, notamment le parc du W, qu’il prétend abriter des bases militaires françaises impliquées dans des opérations néfastes. Cependant, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées françaises, réfute ces allégations, affirmant qu’il n’existe aucune base militaire française au Bénin.
Méfiance et espoir de réconciliation
Le dialogue semble rompu, les cartes sont brouillées. Le Premier ministre nigérien, encadré de militaires, maintient une posture de défense, prêt à rouvrir la frontière uniquement lorsque la sécurité du Niger sera assurée. Entretemps, il accuse le Bénin de violer des accords bilatéraux, y compris ceux impliquant la Chine, ajoutant une couche de complexité à un enjeu déjà dense.
Il reste une lueur d’espoir, cependant, car le Premier ministre exprime son souhait de trouver une solution, impliquant même la Chine dans les discussions pour apaiser les tensions. Ce récit dépasse le cadre d’une simple fermeture de frontière ; il touche à la souveraineté, à la méfiance et à la politique de voisinage. Un feuilleton politique où chaque acteur joue sa part, entre méfiance et espoir de réconciliation. Le Niger et le Bénin, deux nations sœurs au cœur du Sahel, sont captives d’un scénario qui se joue bien au-delà de leurs frontières, dans l’arène complexe des relations internationales.
Oumarou Fomba
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