La crise malienne l’oppose à plusieurs de ses partenaires ainsi qu’à des pays voisins. Avec les autorités nigériennes, les joutes verbales se multiplient depuis un certain temps en raison des coups de force militaire enregistrés au Mali.
Depuis le coup de force militaire du 18 août 2020, les relations diplomatiques entre le Mali et certains de ses « partenaires historiques » vacillent inexorablement. Une situation qui donne lieu à une escalade de tension, en raison de la tenue des propos peu diplomatiques, entre ce pays d’Afrique de l’ouest et certains de ses alliés, parmi lesquels le Niger.
Les autorités nigériennes ne sont pas prêtes à accepter le double coup d’État militaire dans ce pays sahélien, duquel, estiment-elles, leur sécurité dépend en grande partie.
Lors d’une réunion ministérielle du G5 Sahel, mercredi 26 janvier 2022, Hassoumi Massaoudou, ministre nigérien des Affaires étrangères, a ouvertement condamné le coup d’État militaire au Mali : « Nous n’acceptons pas ce qui se passe au Mali. Au niveau de la Cédéao, nous sommes déterminés à faire en sorte que l’expérience de confiscation du pouvoir par une junte militaire soit un échec au Mali, mais aussi au Burkina et partout ailleurs ». Il ajoute : « Nous ne comprenons pas qu’une junte militaire, après avoir échoué sur le terrain, prenne le pouvoir et au nom d’un patriotisme frelaté font appel à des mercenaires pour défendre l’intégrité de leur territoire ».
Coup d’État de 1996
Cette déclaration du diplomate nigérien est mal accueillie au Mali. Elle a donné lieu à diverses appréciations, notamment du côté des Maliens qui se demandent de quel côté le Niger s’arrange finalement. Et cela au moment où beaucoup pensent que le continent est en train de tracer sa propre voie, au milieu de tension diplomatique.
Seulement, ce qu’on semble oublier, c’est que la réaction des autorités nigériennes face au pouvoir militaire en place au Mali est une réponse du berger à la bergère. En effet, le régime Alpha Oumar Konaré avait condamné le coup d’État de 1996 au Niger, mené par le général Ibrahim Baré Maïnassara contre Mahamane Ousmane. Le gouvernement malien avait qualifié ce putsch d’« acte illégal qui porte un sérieux coup à la marche du processus démocratique en Afrique ».
La roue tourne et une nouvelle page de l’histoire semble ainsi s’écrire au gré des événements. Les autorités nigériennes agissent-elles avec une volonté de vengeance ? Difficile de le confirmer si nous savons que la plupart des dirigeants de ce continent sont attachés à des principes qu’ils maîtrisent peu ou respectent peu.
Chiencoro Diarra
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