Au Mali, les examens de fin d’année ont été entachés de fuites massives de sujets. Cette situation laisse comprendre que le chemin menant à la victoire contre la corruption reste long.
Au Mali, beaucoup d’observateurs s’accordent pour dire que l’année scolaire 2020-2021 a été une année plus normale que les années précédentes. Bien qu’elle ait commencé en retard, cette année scolaire s’est particularisée par l’accélération des programmes d’enseignement et la réduction des congés trimestriels.
Après une année perturbée par la grève des enseignants et la Covid-19, la nouvelle équipe transitoire, installée après le départ d’IBK, le 18 août 2020, s’est donnée pour mission de régulariser l’année scolaire. Son souci était d’éviter le rallongement des années scolaires l’une dans l’autre, comme nous l’assistons au niveau de beaucoup d’universités publiques.
Une situation pas nouvelle
Si la mise en œuvre de cette ambition a bien marché au départ, force est de constater qu’elle s’est butée à des problèmes lors de la tenue des examens de fin d’année. En effet, suite à l’ordonnance du 16 juillet 2021 du président de la transition portant l’unification des grilles indiciaires, les enseignants sont montés sur leurs grands chevaux. Ils ont boycotté les examens allant jusqu’à vouloir les prendre en otage, en décidant une forme de désobéissance civile.
Contre vents et marées, les autorités en charge de l’organisation de ces examens de fin d’année ont tenu tête. Les examens ont eu lieu, avec l’accompagnement des enseignants évoluant dans les écoles privées. Les épreuves semblent avoir été marquées par une fuite massive des sujets. Certains tentent de l’attribuer à l’absence des enseignants du public.
Pourtant, on semble oublier que les examens au Mali ont toujours été entachés de fraudes et de fuites massives de sujets. En 2018, des centres d’examens n’ont-ils pas terminé leurs épreuves sous la lumière des lampes, en raison d’une fuite massive et successive des sujets ? Des sujets d’examens et leurs corrections étaient quasiment devenus un business pour de jeunes chômeurs. Le Syndicat des professeurs de l’enseignement secondaire des collectivités (SYPESCO) a même produit un communiqué pour dénoncer la situation à l’examen du DEF : « La fuite des sujets d’examen et la fraude dans les salles d’examen [ndlr] sont entre autres les maîtres-mots [de cet examen ndlr], soutenus par des ennemis de la nation pour nuire à la réputation des enseignants ».
« Qui vole un œuf vole un bœuf »
Dans cette situation, ce que tout le monde semble occulté, enseignants grévistes ainsi que simples citoyens maliens, c’est le fait que ces fuites massives n’honorent aucun Malien. Pourtant, tout le monde contribue tant soit peu au phénomène, soit par l’aide à la correction des sujets en fuite, soit par le refus de déclarer la fuite des sujets d’une épreuve.
Il convient quand-même de comprendre qu’aider un candidat à traiter un sujet d’examen qui a fait fuite n’est nullement un service rendu. C’est plutôt se montrer ennemi de l’enfant en l’encourageant au vol, à la corruption. « Qui vole un œuf vole un bœuf », dit-on. Pourtant, les mêmes qui encouragent la fraude sont les mêmes qui dénoncent la corruption dans les administrations publiques. On semble donc oublier que chaque homme est le fruit de sa formation.
La lutte contre la corruption doit commencer par celle contre la fraude lors des examens. Pour ce faire, chacun peut jouer sa partition.
F. T
Cet article a d’abord été publié sur Maliweb. Il a été repris et relus par Sahel Tribune.
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