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Mali : le coup de poing qui divise et rassemble

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Lors de sa visite en Côte d’Ivoire, lundi 14 décembre 2020, le président de la transition malienne, Bah Ndaw a rencontré la diaspora malienne. À cette occasion, le chef de l’État s’est prononcé sur les grèves enclenchées au Mali. Ce discours a été un coup cinglant qui divise les Maliens et rassemble les syndicats dans un même camp.

« Aucune personne consciente ne doit déclencher une grève pendant cette transition à moins d’être un malade mental », a déclaré le président de la transition malienne, en Bamanankan, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le 14 décembre 2020, lors de sa rencontre avec la diaspora malienne. Ces propos sont la goutte d’eau qui a débordé la vase. Ils ne sont pas passés inaperçus des syndicats qui l’ont considérés comme une « Insulte à leur égard ».

Un discours qui ne « ne favorise pas un climat de confiance »

En effet, une telle position dure de la part du premier responsable de l’État alors que le pays est paralysé par des grèves syndicales ne peut contribuer qu’à mettre le feu aux poudres. Elle favorise la méfiance, la radicalisation des parties syndicales au lieu de contribuer au dialogue. C’est ce qu’a expliqué la Conférence des présidents de la Coalition des Forces patriotiques (COFOP) dans son communiqué du 15 décembre 2020. Selon la COFOP, le président de la Transition « en traitant ainsi les grévistes de malades mentaux, ne favorise pas un climat de confiance déjà très fragile en cette période de gestion transitoire de notre pays ».

« La nuit qui sera belle se sent depuis à la tombée du soleil », dit-on. En raison de ces propos prononcés avec une grande fermeté, le Bureau exécutif de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), qui a entamé une grève de cinq jours le lundi dernier, « a décidé de rompre toute négociation avec le Gouvernement du Mali jusqu’à nouvel ordre », le mardi dernier.

La « volonté affichée d’envahir la représentation de l’État »

 Quant aux syndicats de la Plateforme d’Action commune (SYLTMAT, SYNAC, SYNTRACT et CS-ADR), ceux-ci estiment que ces menaces vis-à-vis des administrateurs civils ne sont pas fortuites. Elles sont, pour eux, «  l’expression de leur [des autorités de la transition NDLR] volonté affichée d’envahir la représentation de l’État par les petits copains abandonnant les nombreux champs de bataille pour des postes plus tranquilles et moins risqués ». Selon les syndicats des administrateurs civils, qui ont été nommément pris en exemple par Bah N’Daw dans son discours, la volonté de les remplacer trouve sa justification dans « la relecture forcée et en catimini en cours du Décret n° 2015-0067/P-RFM du 13 février 2015 déterminant les conditions de nomination et des attributions des chefs de circonscription administrative et la nomination de plus d’une centaine de porteurs d’uniformes dans les jours et semaines venir ».

Toutefois, la Plateforme d’action commune se dit rassurer et déterminer : « Aucune Insulte, aucune menace, aucun chantage ne saurait nous ébranler et nous dévier de notre combat pour plus de sécurité dans notre travail, plus de justice et d’équité et pour plus de respect à notre corporation. »

Bah Ndaw rectifie-t-il le tir ?

Avant d’exprimer son soutien à l’action des centrales syndicales et inviter les autorités de la transition à la retenue, la COFOP a, quant à elle, rappelé aux autorités de la transition que « la gestion de l’État étant une continuité, la Transition est tenue de reprendre correctement en charge les problèmes hérités de la précédente gouvernance »

Bah N’daw semble s’être rendu compte de la gravité de la situation. De passage en Guinée Conakry, le 15 décembre 2020, en provenance d’Abidjan, le chef de l’État a tenté de rectifier le tir, selon une publication de la présidence de la République : « En aucun moment, il n’a été question de l’illégalité de l’action. Le Président de la Transition, lors de son investiture, au cours de laquelle il a tenu un discours engagé et rassembleur, est toujours resté constant dans ses prises de décisions. Seul l’intérêt supérieur de la Nation prévaut. »

Tout compte fait, ce discours du locataire de Koulouba a été un coup cinglant qui divise l’opinion malienne, mais rassemble la quasi-totalité des syndicats ainsi que des partis politiques.

Togola

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