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Mali : le CNT enterre la Charte des partis et le statut de l’opposition

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Alors que les voix de l’opposition peinent à se faire entendre dans une transition qui muscle son agenda politique, le Conseil National de Transition a franchi un nouveau cap en adoptant, à une écrasante majorité, l’abrogation de la Charte des partis politiques et du statut de l’opposition. Une décision controversée, qui rebat les cartes du jeu démocratique malien et ouvre une nouvelle ère institutionnelle où la refondation promise par les autorités de la transition s’impose, quitte à sacrifier, selon les détracteurs du régime, l’un des piliers du pluralisme politique né il y a plus de trois décennies. 

130 voix pour, 2 contre, zéro abstention. C’est à une quasi-unanimité que le Conseil National de Transition (CNT) du Mali, ce parlement de crise façonné par les événements d’août 2020 et mai 2021, a enterré deux piliers du pluralisme politique malien : la loi de 2005 sur la Charte des partis et celle de 2015 encadrant le statut de l’opposition.

Une démocratie sans partis ? 

Un double coup de tonnerre législatif, annoncé dès le 30 avril par le Conseil des ministres, et qui vient de recevoir la caution formelle du CNT. Les autorités de la transition n’en font pas mystère. Il s’agit pour eux d’en finir avec « la prolifération anarchique » d’une classe politique accusée d’avoir échoué à faire face à la crise multidimensionnelle du pays. En ligne de mire, les quelque 300 partis officiellement enregistrés, souvent réduits à des étiquettes sans base populaire, et incapables, selon les autorités de la transition, d’apporter des réponses crédibles aux défis du Mali.

Derrière ce big bang politique, un processus bien huilé : une concertation nationale, tenue les 28 et 29 avril à Bamako, avait donné le ton en recommandant la dissolution pure et simple de l’ensemble des formations existantes. La suite ? Une suspension officielle des activités des partis, annoncée le 7 mai, sur fond de manifestations avortées et de contestation rampante de la part d’une opposition fragilisée mais toujours combative.

Car la levée de boucliers n’a pas tardé. Plusieurs figures politiques dénonce un vide législatif sans précédent depuis l’ouverture démocratique des années 1990. Ils accusent la Transition d’étrangler la vie politique sous couvert de refondation, transformant le Mali en une « démocratie sans partis », où les voix dissidentes seraient marginalisées, sinon étouffées.

Fin de l’ère des partis 

Du côté du CNT, la ligne est claire : il faut réorganiser le paysage politique avant toute échéance électorale, quitte à briser les vieux schémas hérités de la Constitution de 1992. Les militaires, eux, brandissent leur légitimité « révolutionnaire » pour justifier ces réformes majeures. Une légitimité renforcée par le soutien de l’ensemble de la population malienne lassée des querelles politiciennes.

Avec ces abrogations, le CNT s’inscrit dans une stratégie plus large de reconfiguration institutionnelle. Lors de la même session plénière, d’autres textes structurants ont été adoptés, dessinant les contours d’un nouvel État malien, recentré sur les priorités sécuritaires, souverainistes et identitaires défendues par le pouvoir en place.

Reste une question : cette refondation politique, menée tambour battant, permettra-t-elle d’apaiser les tensions ou, au contraire, d’enraciner une fracture durable entre les autorités au pouvoir et une classe politique reléguée au rang de spectatrice ? Une chose est certaine, au Mali, l’ère des partis tels qu’on les connaissait vient de s’achever. Et personne ne sait encore par quoi elle sera remplacée.

La rédaction 


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