On le disait isolé, replié, assiégé par les crises. Mais le Mali, fidèle à son génie de la résistance, surprend encore. À Tombouctou, trente-trois touristes russes viennent d’inaugurer le retour du pays sur la scène culturelle internationale. À la veille de la Biennale Artistique et Culturelle de 2025, le pays se redresse par la culture et la souveraineté, offrant au monde l’image d’un Mali debout, fier et maître de son destin.
Il est des symboles qui parlent plus fort que les discours. Dans la Cité mystérieuse de Tombouctou, berceau de savoirs et de civilisations, un convoi inattendu a résonné comme une réponse aux prophètes de malheur : trente-trois touristes russes foulant le sable d’un pays qu’on disait isolé, fatigué, replié. L’image est forte. Car au moment où certains chancelleries occidentales conseillaient à leurs ressortissants de quitter le Mali, d’autres — venues d’ailleurs — font le chemin inverse, guidées non par la peur, mais par la curiosité et la confiance.
Cette arrivée, fruit d’une collaboration entre Hogon Tours et le Festival Vivre Ensemble de Tombouctou, dépasse la simple anecdote touristique. Elle illustre le retour progressif du Mali sur la carte mondiale des destinations culturelles. Sous la houlette du Général d’armée Assimi Goïta, qui a décrété 2025 « Année de la Culture », le pays retrouve ce qui fait sa force depuis des siècles : l’alliance entre l’esprit, la création et la résistance.
Un voyage hautement symbolique
Ces visiteurs russes ne sont pas seulement venus admirer les mosquées de terre et les manuscrits anciens de la « ville aux 333 saints ». Leur périple a valeur de manifeste. Il dit que le Mali reste debout, ouvert, hospitalier, et qu’il ne cédera ni à la peur ni à l’isolement. Sous la protection vigilante des FAMa, ils ont visité les sites historiques et la Salle Ali Farka Touré, en cours de rénovation, qui accueillera la Biennale Artistique et Culturelle ainsi que le Forum Mondial des Civilisations prévus en décembre prochain. Deux événements phares qui entendent replacer le Mali au cœur du dialogue culturel mondial.
Le ministre Mamou Daffé, artisan infatigable de la renaissance culturelle, l’a souligné : « Cette visite positionne Tombouctou comme un pôle touristique majeur et confirme la relance du tourisme international. » Derrière cette phrase sobre, se cache une vérité plus profonde : celle d’un Mali qui transforme chaque épreuve en tremplin, chaque blocus en opportunité, chaque crise en démonstration de souveraineté. Là où d’autres voyaient la fin, Bamako écrit un recommencement.
Un Mali debout, fidèle à lui-même
On disait le pays replié sur lui-même ; il s’ouvre au monde par la culture. On le disait à genoux ; il se tient droit, sûr de ses choix et de ses alliances. On le disait isolé ; il accueille de nouveaux amis venus saluer la beauté de son patrimoine et la résilience de son peuple. C’est peut-être là, dans ce sable de Tombouctou foulé par des visiteurs étrangers, que s’écrit la véritable image du Mali : celle d’une nation fière, qui reconquiert sa place, non par la soumission, mais par la dignité.
Parce qu’au Mali, la résistance a toujours pris le visage de la culture. Et quand les armes se taisent un instant, ce sont les tambours, les mots et la mémoire des pierres qui rappellent au monde que ce pays, décidément, n’a jamais cessé de tenir debout.
A.D
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