À travers l’explosion des progrès scientifiques et techniques, l’homme avait naïvement cru qu’il lui serait possible de devenir maître de la nature. Cette manière de penser n’aurait-elle pas été la grosse erreur qui le conduit aujourd’hui à sa chute ?
Qui avait dit que les sciences nous rendent comme « maître et possesseur de la nature. » ? Si je ne m’abuse, c’est bien celui qui est considéré comme étant l’un des premiers rationalistes de la période moderne. Je veux dire le philosophe français René Descartes.
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Un possesseur déchu ?
Sous le coup de l’enthousiasme, face aux nombreuses découvertes scientifiques et techniques du 17e siècle, ce grand monsieur avait sûrement cru à la possibilité que la nature soit un jour complètement domptée par l’homme. Mais il se serait gravement trompé. Car aujourd’hui suffit-il de soutenir que l’homme est comme « maître et possesseur de la nature » ?
D’emblée non. S’il est capable d’utiliser la nature à sa guise, il importe de noter également qu’il existe encore dans cette nature maints phénomènes qui dépassent la capacité de compréhension et de maîtrise de l’humain. Les phénomènes naturels comme les grandes canicules, les inondations, les vagues de sables, etc., dépassent le maître déchu de la nature.
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C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Edgar Morin, sociologue français, estime que « La chimère de maîtrise totale du monde, encouragée par le prodigieux développement des sciences et des techniques, se heurte aujourd’hui à la prise de conscience de notre dépendance à l’égard de la biosphère et à celle des pouvoirs destructeurs de la science pour l’humanité elle-même ».
En effet, tous les phénomènes cités ci-dessus ne sont que des effets pervers de la science pour l’humanité entière. Comme pour montrer à l’homme ses limites dans la compréhension et la manipulation de cette nature. Une situation qui rend le monde malade.
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Un monde complexe
Pourtant Karl Popper, philosophe britannique, a averti l’humanité il y a des années des dangers de ce genre en attirant les attentions sur la complexité du monde. « Le monde n’est pas facile à gérer. Chaque espèce animale, chaque type de plante, chaque type de bactérie influence l’environnement des autres espèces. Notre influence, à nous, est peut-être plus grande, mais un nouveau virus, une nouvelle épidémie virale, une nouvelle épidémie bactérienne pourrait nous balayer en quelques années », avait-il souligné.
Aujourd’hui, qui pour dire le contraire de ce qui est avancé. Depuis au mois de décembre 2019, l’humanité est secouée par un virus qui s’est rapidement mué en pandémie faisant des ravages en grand nombre. Cela, sans que personne : ni scientifique, ni Docteur, ni maître et possesseur de cette fameuse nature, ne puisse apporter le moindre remède à ce mal qui bascule nos anciennes manières d’agir ou de vivre.
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Guérir le monde
Toutefois, Frédéric Lenoir, sociologue français, trouve possible la guérison du monde. À l’en croire, « Le processus de guérison du monde passe d’abord par une critique lucide et argumentée des logiques mécanistes et mercantiles qui sont à l’origine de bien des dérèglements de la Terre et des sociétés humaines. » Comme pour dire qu’il faut revoir les logiques capitalistes qui gouvernent le monde. Sans cela, l’homme restera un maître déchu de la nature et pire un esclave de cette nature qui refuse de lui servir. Désormais, rappelons-nous de ce conseil de Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».
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