Partout dans le monde, le 1er décembre est consacré Journée de lutte contre le Sida. Cette date marque le lancement du mois de lutte contre la maladie au Mali. La cérémonie de lancement de l’édition 2022 a eu lieu, le jeudi dernier, à la Faculté de Médecine et d’odonto-stomatologie de Point-G.
Le thème retenu au plan national est « mettre fin aux inégalités en période de conflit ». Un thème qui s’inscrit pleinement, à l’aveu de Mariam Touré, présidente du Réseau malien des personnes vivantes avec le VHI-Sida (RMAP+), dans le contexte actuel du Mali.
« Les personnes vivantes avec le VIH dans les zones de conflit, au nord et au centre du pays, ont souffert pendant un moment », des ruptures récurrentes de médicaments, des soins, en raison de la fermeture de certaines structures de santé, a déploré la présidente du RMAP+, après avoir fait observer une minute de silence en la mémoire des personnes disparues du fait de cette maladie.
Des défis, des améliorations
Selon le représentant résident du système des Nations unies au Mali, cette commémoration est non seulement un moment de recueillement, mais aussi de célébration de l’espoir. Malgré de nombreuses difficultés, durant ces dernières années, dans la riposte contre le VIH-Sida, notamment la crise sécuritaire et la pandémie de Covid-19, le Mali a consenti d’énormes efforts en faveur de la lutte contre cette maladie. Il mentionne notamment la baisse de la tendance des nouvelles infections au Mali ainsi que dans les décès.
Le Rmap+ s’est réjoui aussi des efforts du gouvernement malien, appuyé par ses partenaires techniques et financiers, dans la lutte contre le Sida. Sa présidente a indiqué la reprise des activités dans toutes les régions du Mali grâce à l’amélioration de la situation sécuritaire.
Le chargé d’affaires de l’ambassade des États-Unis au Mali estime que « le Mali joue un rôle essentiel dans la région dans la lutte contre toutes les maladies infectieuses ». Il a indiqué l’appui des États-Unis au Plan national de lutte contre le VIH sida du ministère de la Santé et du Développement social. Un appui qui entre dans le cadre de l’amélioration de la clinique des maladies infectieuses de l’hôpital de Point-G. Des améliorations qui rendront « l’espace plus confortable, confidentiel et sûr pour les patients et les personnels ». Ce qui est essentiel dans la lutte contre les inégalités, a-t-il indiqué.
Réajuster les stratégies de la riposte nationale
« Malgré les faibles prévalences du VIH au Mali, force est de constater avec amertume que la pandémie VIH-Sida reste encore un problème majeur de santé publique au Mali et que les nouvelles infections ont été plus nombreuses au Mali et touchant principalement les nouveau-nés, les mères séropositives et surtout les jeunes de 15 à 24 ans », a expliqué le secrétaire exécutif du Haut Conseil national de lutte contre le sida (HCNLS), Dr Ichaka Moumouni Koné.
Celui-ci mentionne d’autres difficultés, comme le retrait progressif de certains partenaires financiers, de certains financements extérieurs et la dégradation des mœurs dans notre société. « Le VIH sida est un problème de société pour lequel notre pays doit avoir sa propre vision de la lutte en tirant sa force dans ses valeurs morales, sociétales et confessionnelles », recommande Dr Koné.
Le secrétaire exécutif du HCNLS préconise une riposte nationale souveraine dans l’esprit du Mali Kura, en initiant des partenariats publics-privés au niveau national « en vue de mobiliser plus de ressources humaines et financières pour une lutte plus vigoureuse contre cette maladie ».
Aussi faut-il des solutions adaptées aux valeurs humaines, sociétales de notre pays et au contexte actuel de refondation de l’État du Mali. Il convient également de réadapter les nouvelles normes de sécurité et de santé pour réajuster les stratégies de la riposte nationale contre le VIH sida.
Assurer la résilience des systèmes de santé publique et communautaire
Pour sa part, Mariam Touré, présidente du Réseau malien des personnes vivantes avec le VHI sida, exhorte les autorités maliennes à l’augmentation « des fonds dédiés à la lutte contre le sida afin que le pays soit moins dépendant des financements multilatéraux au nom de la souveraineté nationale ». Aussi invite-t-elle à l’amélioration de la prévention mère-enfant du VIH-Sida et au changement de la stratégie actuelle de dépistage en les rendant systématiques sur toutes les femmes enceintes « car aucune femme n’a le droit de décider que son enfant naitra séroposif ».
Outre ceux-ci, Mariam Touré invite le gouvernement malien ainsi que les partenaires techniques et financiers à non seulement assurer la résilience des systèmes de santé publique et communautaire, mais aussi à mettre en place une commission de veille et d’alerte pour la prise en charge des personnes vivantes avec le VIH.
Les Nations unies, durant ces dernières années, ont appuyé dans la mobilisation des ressources en faveur de la réponse au VIH. Ces appuis se traduisent par la décentralisation du dépistage et de la charge virale à travers l’installation d’unités mobiles de dépistage, le renforcement du dépistage chez les enfants malnutris. Aussi, par l’appui nutritionnel aux personnes vivantes avec le VIH ainsi que la sensibilisation et le dépistage du VIH à l’attention des forces de défense et de sécurité, en plus de la mise en place d’initiatives innovatrices, a souligné le représentant résident du système des Nations unies au Mali.
Le nouveau rapport de l’ONUSIDA, Inégalités dangereuses, révèle que « que les inégalités entravent la fin du sida ».
« Pas le choix de fédérer nos efforts »
Le secrétariat exécutif du Conseil national de lutte contre le VIH sera en mission dans les quatre prochaines années en vue d’interagir et commencer à collaborer avec tous les acteurs. Il s’agira de travailler à la réduction de nouvelles infections chez les jeunes et les nouvelles transmissions de la mère à l’enfant, à l’arrêt de la discrimination et de la stigmatisation pour toutes les personnes vivantes avec le VIH. Aussi s’agira-t-il de travailler à s’assurer que la subvention de l’État et les ressources financières qui seront mobilisées soient gérées de la façon la plus efficiente possible, dans la plus grande transparence par les acteurs de la lutte contre le VIH-Sida, à impliquer les universitaires dans tous les domaines.
Le représentant de Mme la maire de la commune III du district de Bamako, quant à lui, en tant qu’élu local, « fonde espoir que la lutte contre le VIH-Sida sera gagnée grâce à la conjugaison des efforts ». D’après lui, « Nous n’avons pas le choix de fédérer nos efforts parce que les défis sont énormes ».
« Utilisation rationnelle des ressources humaines et financières »
La représentante du président du Haut Conseil national de lutte contre le VIH-Sida, colonel Assa Badiallo Touré, a souligné la nécessité de cette synergie d’action dans la riposte contre cette maladie. « Le contrôle du SIDA à l’horizon 2025 et son élimination à l’horizon 2030 nécessitera de l’engagement et du leadership dans la constance aussi bien des décideurs que des organisations de la société civile », a expliqué la conseillère spéciale du président malien de la transition.
Pour une meilleure synergie d’action autour de cette maladie, la représentante du chef de l’État a lancé un vibrant appel aux acteurs impliqués dans la lutte contre le VIH-Sida.
La conseillère spéciale du président de la transition a exhorté à faire « une bonne utilisation rationnelle des ressources humaines et financières déjà disponibles » et à une mobilisation des « ressources additionnelles internes et externes pour contrôler l’épidémie à court et moyen termes (Horizon 2025) » afin de l’éliminer en tant que problème de santé publique à long terme (Horizon 2030) au Mali.
La directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida 2022, a expliqué : « L’égalité de l’accès aux droits, l’égalité de l’accès aux services, l’égalité de l’accès aux ressources, l’égalité de l’accès aux meilleures découvertes scientifiques et aux meilleurs médicaments. Ainsi, nous mettrons fin au sida ».
Chiencoro Diarra
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