Allez ! Allez ! Organisez les élections ! Renouvelez l’hémicycle ! C’est une bonne chose. C’est d’ailleurs ce que tout le monde attendait depuis que le possible existait : le temps des présidentielles de 2018. De report en report, le statu quo reste quand même inchangé.
Certains partis politiques, notamment l’Union pour la République et la démocratie (URD), le Mouvement démocratique et populaire (MDP) de Oumar Marcio ou encore le CYNID Faso Yiriwaton de Mountaga Talla, ont haussé le ton pour démontrer l’impossibilité d’organiser les législatives, à l’état actuel du pays. Avant eux, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a montré son refus à prendre part à cette échéance électorale. La raison avancée est également sécuritaire.
Lire aussi Guerre de propagande ou mauvaise foi politique ?
Pourtant, la tenue, sans délai, de ces législatives fait partie des résolutions du Dialogue national inclusif. Ce qui sous-entend qu’elle est une recommandation de toutes les forces vives de la nation. Seulement, actualité oblige, on se demanderait si ce Dialogue a vraiment été inclusif ; si les résolutions adoptées ont vraiment fait unanimité ; si les résolutions issues de ce processus ne sont pas le fruit d’un bellement de mouton.
Labezzanga, Ogossagou, Niono, etc., depuis la convocation du collège électoral pour le premier et second tour de ces législatives, prévus respectivement pour mars et avril 2020, les violences connaissent un second niveau. Les attaques se multiplient de part et d’autre. Le nombre des victimes civiles et militaires va crescendo.
Lire aussi Comment faut-il dialoguer avec les terroristes ?
Toutefois, ces tueries semblent ne rien dire à Bamako qui croie comme fer à la tenue de ce scrutin. Les préparatifs battent leur plein. Les dépôts de candidature se sont clôturés depuis le jeudi 13 février 2020. Place bientôt aux campagnes électorales. Comment vont-elles se dérouler dans un tel contexte sécuritaire ? Le gouvernement a rassuré de pouvoir assurer la sécurité des scrutins. Sera-t-il capable de le faire, lui qui a échoué a montré la preuve en amont ?
À l’allure où vont les choses, « rendons à César ce qui appartient à César ». Tenir les législatives dans un tel contexte, c’est augmenter non seulement le nombre de veuves militaires et de victimes civiles, mais c’est s’exposer également à des contestations postélectorales d’une grande envergure. Des situations qui risquent d’enflammer davantage tout le pays. Les autorités politiques semblent ne percevoir que leurs intérêts dans ce scrutin. C’est la politique du tube digestif qui est en jeu et non pas un quelconque amour pour la patrie.
Lire aussi Les chefs d’État africains et leur mystère de candidature
Cette situation politique au Mali fait rappeler cette légende du Romain Pline l’Ancien : « Les autruches sont les animaux les plus stupides du monde. Elles croient se rendre invisibles en plongeant la tête dans le sable ».
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.