Le Sahel demeure l’épicentre du terrorisme mondial, où conflits, rivalités géopolitiques et exploitation des ressources alimentent une violence sans fin, mettant en péril la stabilité de toute la région.
L’Indice mondial du terrorisme 2025 dresse un tableau alarmant. Le Sahel demeure la région la plus touchée par le terrorisme, concentrant plus de la moitié des décès liés aux attaques djihadistes dans le monde. Le Burkina Faso, bien qu’ayant enregistré une légère baisse du nombre d’attaques, reste le pays le plus meurtrier en matière de terrorisme, représentant un cinquième des décès globaux. Pendant ce temps, le Niger subit une explosion de la violence terroriste, avec une hausse de 94 % des morts en une seule année.
Mais derrière ces chiffres se cache une réalité plus complexe : un choc des influences où se croisent luttes de pouvoir, réorientations géopolitiques et exploitation des ressources naturelles. La France, longtemps puissance dominante dans la région, replie ses troupes, laissant un vide rapidement comblé par la Russie et la Chine, qui cherchent à redéfinir le rapport de force au Sahel.
Un terrain miné par la guerre et l’instabilité politique
Depuis plus d’une décennie, le Sahel est devenu le théâtre d’une guerre asymétrique, où s’opposent groupes djihadistes, forces armées nationales et des formateurs étrangers étrangers. L’État islamique au Sahel (EIS), autrefois affaibli, se réorganise et étend son emprise, tandis que le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, poursuit son offensive contre les États fragiles de la région.
Les militaires au pouvoir à Bamako, Ouagadougou et Niamey ont fait de la lutte antiterroriste une priorité, rompant avec les Anciennes Alliances et misant sur de nouveaux partenariats. L’arrivée des forces russes marque une rupture stratégique majeure, notamment avec le départ des troupes françaises, en 2022 et de la mission onusienne MINUSMA du Mali, en décembre 2023.
Cependant, les résultats de ces nouveaux choix restent mitigés. Si le nombre d’attaques au Burkina Faso a légèrement diminué, les groupes terroristes se déplacent et renforcent leur présence dans d’autres pays, notamment au Niger et au Togo, qui a connu sa pire année en matière de terrorisme depuis la création de l’indice mondial du terrorisme.
L’or et l’uranium, carburants du terrorisme au Sahel
Le terrorisme au Sahel n’est pas uniquement motivé par une idéologie religieuse radicale. Les ressources naturelles de la région sont devenues un enjeu stratégique majeur, alimentant le chaos et attirant toutes sortes d’acteurs, des États aux groupes armés en passant par les multinationales.
L’or du Mali et du Burkina Faso, l’uranium du Niger sont au cœur des convoitises. Les groupes djihadistes contrôlent plusieurs sites miniers artisanaux, générant des millions de dollars de revenus grâce aux taxes illégales imposées aux travailleurs. Cette manne financière leur permet d’acheter des armes, de recruter et de financer leur expansion.
À cela s’ajoute le réalignement des puissances étrangères : la Russie consolide sa présence militaire, tandis que la Chine investit dans l’exploitation minière et les infrastructures, posant ainsi les bases d’une influence durable dans la région.
Quel avenir pour le Sahel ?
L’échec des stratégies militaires conventionnelles dans la région prouve que la guerre contre le terrorisme ne peut être uniquement une affaire de bombes et de fusils. L’instabilité politique, la pauvreté, l’absence d’accès aux services de base et l’exploitation des ressources naturelles par des acteurs extérieurs continuent de nourrir le cycle de la violence.
Tant que les États sahéliens resteront structurellement fragiles, incapables de répondre aux besoins de leurs populations, les groupes djihadistes auront toujours un terrain fertile pour recruter et se renforcer. Le départ de la France et l’arrivée d’autres acteurs ne changent pas la donne si les causes profondes du terrorisme ne sont pas adressées.
Le Sahel brûle, et le monde regarde. Mais combien de temps encore avant que les flammes ne se propagent bien au-delà de la région ?
A.D
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.