Au cœur de l’Afrique de l’Ouest, la Guinée se trouve à l’aube d’un moment charnière de son histoire. Les récentes déclarations du Premier ministre Amadou Oury Bah, faisant état de retards dans les élections et d’une période de transition prolongée, ont suscité une vague d’inquiétude à travers le pays et parmi les observateurs internationaux. Cette situation met au premier plan l’équilibre fragile entre la gouvernance autoritaire et les aspirations du peuple à une gouvernance démocratique.
Depuis l’avènement du Comité National de Redressement et de Développement (CNRD) à la suite du coup d’État de septembre 2021, la Guinée est prise au piège dans un réseau complexe de bouleversements politiques et de troubles sociaux. Les Forces Vives de Guinée (FVG), composées d’acteurs politiques et de membres de la société civile, se sont montrées critiques à l’égard de la dérive du CNRD vers « l’autoritarisme« , marquée par une répression accrue, des violences contre les civils et des atteintes aux libertés fondamentales.
La réponse de plus en plus militarisée de l’État à la dissidence civile
Le point de rupture semble avoir été atteint avec le retour du gouvernement sur l’accord dynamique conclu avec la CEDEAO en octobre 2022, qui avait fixé à 24 mois la période de transition. Les récentes déclarations du Premier ministre suggèrent un retour en arrière significatif par rapport à ces engagements, suscitant les craintes d’un report sine die du processus démocratique.
Dans ce contexte, l’appel lancé par la FVG en faveur d’une rectification et d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel touche une corde sensible chez beaucoup. Leur demande d’un dialogue inclusif, conformément à l’article 77 de la Charte de transition, souligne l’urgence de la réconciliation nationale et du renouveau démocratique.
Pourtant, alors que le pays est aux prises avec des défis socio-économiques, notamment une grève générale contre la hausse du coût de la vie et la censure des médias, la réponse du gouvernement – ou son absence – sert de test décisif pour son engagement à répondre véritablement aux doléances de sa population.
Le sort de Sékou Jamal Pendessa, emprisonné arbitrairement, incarne la crise plus large des droits humains sous le régime du CNRD. Pendant ce temps, les morts tragiques à Kindia lors des manifestations contre les pénuries d’électricité mettent en évidence la réponse de plus en plus militarisée de l’État à la dissidence civile.
Les principes de démocratie et de droits de l’homme
Cette convergence des aspirations démocratiques et des revendications sociales constitue une force puissante, signalant un changement capital dans la tolérance du public guinéen à l’égard d’un régime autoritaire. L’appel à l’action lancé par la FVG, appelant à un front uni pour restaurer les libertés publiques et la gouvernance démocratique, résonne comme une lueur d’espoir de changement.
Alors que la Guinée traverse cette phase tumultueuse, les enjeux ne pourraient être plus élevés. La trajectoire du pays vers la démocratie et la stabilité est en jeu, dans l’attente de mesures décisives conformes à la volonté de sa population. La communauté internationale doit elle aussi jouer un rôle de soutien, en défendant les principes de démocratie et de droits de l’homme qui sont fondamentaux pour l’avenir de la Guinée – et bien sûr de la région.
Essentiellement, la situation difficile actuelle de la Guinée résume la lutte durable pour la démocratie dans de nombreuses régions du monde. C’est un rappel de la résilience de l’esprit humain face à l’adversité et de la quête inébranlable d’une société où prévalent la liberté, la justice et la dignité.
Ce qui est clair, c’est que le chemin vers la démocratie et la sauvegarde des libertés publiques est semé d’embûches, mais recèle un potentiel de changement transformateur. Le peuple guinéen se trouve au bord de ce changement, prêt à façonner son destin avec une détermination et un espoir inébranlables.
Oumarou Fomba
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