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La dissolution de l’AEEM : nécessité de nouvelles perspectives pour l’éducation au Mali

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La dissolution de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), le 12 mars 2024, par le Conseil des ministres constitue un tournant significatif dans le paysage des mouvements étudiants au Mali et soulève des questions cruciales sur la dynamique des associations estudiantines dans le contexte socio-politique du pays. Cette mesure, justifiée par les autorités comme une réponse aux violences récurrentes imputées à l’AEEM, marque non seulement la fin d’une ère, mais invite également à une réflexion approfondie sur le rôle des associations estudiantines dans les sociétés en transition démocratique.

Fondée le 27 octobre 1990, l’AEEM a hérité d’une tradition de militantisme estudiantin au Mali, remontant à l’ère post-indépendance avec des mouvements tels que l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (UNEM). Ces mouvements ont joué des rôles clés dans les luttes politiques et sociales du pays, allant de la lutte pour l’indépendance à celle pour la démocratisation et l’amélioration des conditions d’enseignement et d’apprentissage. Toutefois, au fil des ans, l’AEEM a été critiquée pour sa dérive vers la violence et la politisation, éclipsant souvent ses revendications initiales centrées sur l’éducation et le bien-être des étudiants.

La violence comme symptôme de crises plus profondes

Les autorités maliennes de la transition ont pris des mesures nécessaires en réponse à la dégradation continue de l’ordre et de la discipline au sein de l’espace éducatif, principalement causée par l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). Les incidents de février 2024 ne sont que la pointe de l’iceberg d’une série de crises qui ont mis en évidence l’écart grandissant entre les nobles objectifs de l’AEEM et ses actions. 

Alors que l’association aurait dû défendre l’amélioration des conditions éducatives et socio-économiques des étudiants, elle s’est plutôt embourbée dans des querelles internes et une lutte de pouvoir contre-productive. Ces conflits internes, exacerbés par la saisie d’armes et de stupéfiants chez certains membres, ainsi que par des perturbations significatives des activités académiques, ont mis en péril non seulement la sécurité des étudiants, mais aussi la quête du savoir. 

Face à cette dérive, les autorités de la transition ont courageusement choisi d’intervenir pour rétablir l’ordre et redonner à l’espace universitaire sa vocation première : un lieu d’apprentissage et de développement personnel.

Le Rôle des associations estudiantines dans les sociétés en Transition

Dans la période charnière que traverse le Mali, le gouvernement de transition a mis en évidence sa détermination à refonder le système éducatif, un pilier pour la démocratie et le progrès social. Dans cet esprit, les associations estudiantines comme l’AEEM devraient jouer un rôle prépondérant, en agissant en tant que voix des étudiants et vecteurs de changement sociétal. Cependant, l’infiltration de la violence et le désordre au sein de ces associations ont dévié de leur noble cause, entravant la vision des autorités pour une éducation pacifique et propice au développement.

La dissolution de l’AEEM s’inscrit dans un processus plus vaste initié par les autorités de la transition qui cherchent à instaurer une ère nouvelle d’éducation civique et de participation politique constructive. Les États généraux de l’éducation, dont le rapport de synthèse a été remis au président de la transition, le 11 mars 2024, visent à refonder le système éducatif du Mali, et recommandaient la dissolution de l’AEEM. 

Ce remaniement stratégique promeut un renouveau des associations étudiantes, aligné sur les objectifs primordiaux de soutien des intérêts académiques et sociaux des étudiants. L’accent devrait être mis sur le dialogue constructif, l’engagement civique responsable et le militantisme pacifique, en écho avec les aspirations démocratiques du Mali. Ce nouveau modèle d’associations estudiantines devrait être un catalyseur pour un espace académique harmonieux, propice à l’émergence d’un savoir éclairé et d’une citoyenneté active.

Les efforts des autorités de la transition pour rétablir l’ordre et remodeler les associations estudiantines démontrent leur engagement à forger un cadre éducatif renouvelé, ancré dans les principes de démocratie et de respect mutuel. Ce renouveau est essentiel non seulement pour la stabilité du système éducatif, mais aussi pour la consolidation de la transition démocratique au Mali.

L’Importance du dialogue et de la participation constructive

La voie à suivre exige un dialogue inclusif impliquant tous les acteurs concernés, y compris les étudiants, les autorités universitaires, le gouvernement et la société civile. Ce dialogue devrait viser à identifier les causes profondes de la violence et à élaborer des stratégies pour promouvoir la participation constructive des étudiants dans la vie académique et politique. 

La création d’espaces pour le dialogue et la médiation, le renforcement des capacités en leadership et gestion des conflits, et l’élaboration de politiques inclusives et participatives sont autant de mesures qui pourraient contribuer à réorienter les mouvements estudiantins vers des pratiques plus pacifiques et constructives.

La dissolution de l’AEEM est un moment décisif qui soulève des questions fondamentales sur le rôle des associations estudiantines dans les sociétés en transition. Bien que cette mesure puisse être perçue comme une réponse nécessaire à la violence, elle ouvre également la voie à une réflexion plus large sur la manière dont les mouvements estudiantins peuvent contribuer positivement à la société. 

En adoptant une approche inclusive et en privilégiant le dialogue et la participation constructive, il est possible de reconstruire un mouvement estudiantin qui soit à la fois un défenseur des intérêts des étudiants et un contributeur à la stabilité et au développement du Mali. La réussite de ce processus dépendra de la volonté collective de tous les acteurs concernés de s’engager dans un dialogue constructif et de travailler ensemble vers des objectifs communs de paix, d’éducation de qualité, et de progrès social.

Correspondance particulière 

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