L’inaction climatique n’est plus une abstraction. Elle tue, ici et maintenant. Selon le nouveau rapport du Lancet Countdown publié avec le soutien de l’OMS, le réchauffement de la planète provoque déjà des centaines de milliers de morts chaque année, mine les économies et épuise les systèmes de santé. Pendant que les subventions aux énergies fossiles explosent, les pays les plus vulnérables suffoquent. À la veille de la COP30 au Brésil, la science adresse un avertissement sans détour : protéger la planète, c’est désormais protéger la vie.
Le réchauffement climatique n’est plus une menace future : il tue déjà. C’est le constat glaçant dressé par le rapport 2025 du Lancet Countdown sur la santé et le changement climatique, publié le 29 octobre à Genève en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon cette étude mondiale, la dépendance persistante aux combustibles fossiles et le manque d’adaptation à un monde en surchauffe provoquent des conséquences dévastatrices sur la santé humaine et l’économie mondiale.
Une crise sanitaire avant tout
« La crise climatique est une crise sanitaire », a averti le Dr Jeremy Farrar, haut responsable de l’OMS. Chaque fraction de degré supplémentaire coûte des vies, souligne-t-il, alors que 546 000 décès liés à la chaleur sont désormais enregistrés chaque année, soit une augmentation de 23 % depuis les années 1990. En 2024, chaque être humain a subi en moyenne 16 jours de chaleur dangereuse, un niveau inédit.
Les feux de forêt, les sécheresses et l’insécurité alimentaire qui en découlent ont touché 124 millions de personnes supplémentaires en 2023. Sur le plan économique, l’exposition à la chaleur aurait fait perdre 640 milliards d’heures de travail dans le monde, pour un coût estimé à 1 090 milliards de dollars.
Des choix politiques en question
Le rapport fustige les gouvernements qui continuent de subventionner massivement les énergies fossiles : 956 milliards de dollars y ont été consacrés en 2023, soit trois fois plus que le financement annuel promis aux pays vulnérables au changement climatique. Quinze États ont même dépensé davantage pour ces subventions que pour leur budget national de santé.
Pourtant, les bénéfices de l’action climatique sont prouvés : la réduction de la pollution au charbon aurait permis d’éviter 160 000 décès prématurés par an entre 2010 et 2022. La production mondiale d’énergie renouvelable a atteint 12 % de l’électricité mondiale et créé 16 millions d’emplois.
Des signaux d’espoir
La directrice du Lancet Countdown, Dr Marina Romanello, estime que « l’abandon rapide des combustibles fossiles au profit des énergies propres demeure le levier le plus puissant pour protéger des vies ». Elle appelle aussi à repenser les systèmes alimentaires et agricoles : des régimes plus sains et respectueux du climat pourraient sauver jusqu’à 10 millions de vies par an.
Malgré le ralentissement de certains engagements politiques, le rapport note des avancées tangibles : 834 villes sur 858 ont évalué leurs risques climatiques, et le secteur de la santé a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 16 % entre 2021 et 2022. Plus de la moitié des pays membres de l’OMS disposent déjà d’un plan d’adaptation sanitaire.
En route vers la COP30
À l’approche de la COP30 qui se tiendra à Belém (Brésil) en 2025, l’OMS entend placer la santé au cœur des négociations climatiques. Le rapport du Lancet Countdown servira de référence pour le Plan d’action de Belém, attendu comme un tournant vers une action climatique fondée sur la justice et la santé.
Soutenue par Wellcome, pilotée par l’University College London et 71 institutions partenaires, cette neuvième édition du rapport se veut un avertissement sans appel : la santé mondiale dépend désormais de la rapidité avec laquelle l’humanité abandonnera les combustibles fossiles au profit d’un avenir propre, juste et vivable pour tous.
Chiencoro Diarra
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