Dans la gestion des coups de force récurrents dans la région ouest-africaine, la Cédéao se jette de plus en plus du discrédit auprès de l’opinion publique.
Mali, Guinée Conakry et Burkina Faso, trois pays d’Afrique de l’Ouest frappés, à tour de rôle par la pandémie des coups de force militaire. La Guinée-Bissau, quant à elle, a échappé, lundi dernier, au phénomène qui jette de plus en plus de discrédit sur l’image de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Après le coup de force d’août 2020, l’organisation sous-régionale a immédiatement pris des sanctions contre le Mali, en suspendant le pays de ses organes de décision « avec effet immédiat », mais aussi en fermant « toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que de l’arrêt de tous les flux et transactions économiques, commerciales et financières entre les [autres] pays membres de la Cédeao et le Mali ». Invitant par la même occasion « tous [ses] partenaires à faire de même ».
Autant de questions
Contre la Guinée et le Burkina Faso, jusque-là, aucune sanction économique ni financière n’a été adoptée par la communauté ouest-africaine. Elle s’est contentée de suspendre ces pays de ses institutions. Réunis, jeudi 3 février 2022, en sommet extraordinaire sur la situation dans ces trois pays, les chefs d’État de la Cédéao ont formulé deux recommandations aux militaires au pouvoir : la libération du président déchu Roch Marc Christian Kaboré et la présentation d’un chronogramme « assez raisonnable » de sortie de crise.
La Cédéao ferait-elle un traitement partisan de ces coups de force ? Ne s’agit donc plus d’une question d’application de principes communs ? Aurait-elle décidé de sanctionner plus durement le Mali en raison de son effet contagieux dans la sous-région ?
Autant de questions auxquelles il est difficile de donner ipso facto une réponse claire et nette. Toutefois, à l’ouverture du dernier sommet sur la situation dans ces pays, le président en exercice de la Cédéao, le Ghanéen Nana Akufo-Addo, a reconnu que le coup d’État au Mali a été « contagieux » parce qu’il a déclenché une tendance dangereuse conduisant à d’autres coups d’État dans la région. « Abordons cette tendance dangereuse collectivement et de manière décisive avant qu’elle ne dévaste toute la région », a-t-il déclaré.
Aux yeux des populations, la façon de traiter ce dossier des coups de force militaire contribue à décrédibiliser davantage l’image de l’institution ouest-africaine.
Chiencoro Diarra
Les opinions exprimées dans cet article ne sont pas forcément celles de Sahel Tribune.
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