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En France, l’exécutif et le législatif en débat autour de la tension entre Paris et Bamako

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Entre le Mali et la France, les relations diplomatiques ne sont plus au beau fixe depuis quelques mois. La situation a suscité un débat démocratique entre l’exécutif et le législatif français. Sahel Tribune vous propose une vue d’ensemble.

« Je suis surpris d’entendre M. Lecoq […] reprendre mot pour mot ce que dit le colonel Goïta. On croirait entendre le porte-parole de la junte ! », telle est la réponse du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean Yves Ledrian, au député de la gauche démocrate et républicaine, Jean-Paul Lecoq.

C’est une déclaration qui, visiblement, montre un divorce latent entre une partie du législatif et l’exécutif français autour de la crise diplomatique entre Paris et Bamako. Cette crise, pour mémoire, remonte à juin 2021, suite notamment à l’annonce, par Emmanuel Macron, de la « fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure ».

Humiliation

Depuis cette annonce, les joutes verbales et les menaces vont bon train entre les deux partenaires. Cette situation a conduit jusqu’à « l’expulsion », le 31 janvier dernier, de l’ambassadeur français au Mali, Joël Meyer, par les autorités maliennes de la transition. Ce qui constitue, selon des députés français, une humiliation de la France qui laisse comprendre le point culminant atteint par la crise diplomatique entre les deux pays. « Nos relations avec les autorités maliennes, déjà mauvaises, se sont dégradées ces derniers jours », constate Jean Lassalle du Groupe Libertés et territoires.

Réunis en plénière, mardi 1er février 2022, les parlementaires français se sont longuement étalés sur cette situation avec le Mali. La divergence des vues est patente. Sébatien Nadot, député français, estime que la « politique extérieure de la France est dans l’égarement », depuis des années, en raison du comportement « arrogant et belliqueux » de son pays. Une politique qui « ne sert plus » la France, poursuit-il, mais seulement quelques-uns des amis des dirigeants. « Les sociétés privées de sécurité comme Wagner ne sont là [ au Mali] que parce que la politique française sahélienne a failli », assène Jean-Paul Lecoq.

Rebattre les cartes

Le député démocrate et républicain invite donc les autorités françaises à être sensibles aux revendications des peuples du Sahel : « Les peuples du Sahel veulent se libérer d’un lien de subordination envers la France ». Il exhorte les dirigeants du pays des Lumières à « rebattre les cartes de la présence française au sahel » en revoyant ce lien de subordination, qui reposerait sur les dimensions monétaires, économiques et militaires. Jean-Paul Lecoq estime que les « changements de régime dans le Sahel [Guinée, Mali, Burkina Faso…] » doit obliger les dirigeants français « à modifier radicalement [leur] politique dans la zone ».

En raison de toutes ces situations, Jean Lassalle lance des pierres dans le jardin des autorités françaises. Il critique un manque de politique de prévisibilité de la part des gouvernants français : « Au lieu de prendre les devants, vous avez été pris au dépourvu ». A croire ses propos, ce « recul contribue à affaiblir [la position française] dans la région [Sahel] et dans le monde ».

Conserver l’objectif et la finalité

Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères estime au contraire que dans « les circonstances actuelles, c’est le Mali qui s’isole ». Pour Jean Yves Ledrian : « Nous ne sommes pas face à une question franco-malienne, mais à une question qui concerne les relations de la communauté internationale et du Mali, notamment les relations entre les pays africains, les pays européens et le Mali ».

Toutefois, le ministre français rassure que le « combat contre le terrorisme se poursuivra au Sahel », avec l’accord des autres pays de la région. « Nous nous réorganisons de façon à conserver l’objectif et la finalité de [la présence française] dans cette partie de l’Afrique, à savoir la lutte contre le terrorisme », a voulu, pour sa part, Jean Castex, le chef du gouvernement français.

Bakary Fomba

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